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une vie de tto
11 octobre 2015

La première fois que l'on me traite de ça

2015 - PREMIERE FOIS

Vendredi, j'avais rendez-vous. Euh, pas qu'un seul en réalité mais il y en avait un que j'attendais avec une certaine impatience. Entendons-nous bien, ce n'était pas forcément un rendez-vous qui me faisait battre le coeur, mais j'avais placé quelques espoirs ... notamment du fait de certaines raideurs qui me sont caractéristiques.

Bref, c'était prévu : il y avait fort risque de me faire craquer ce vendredi en fin d'après-midi, à la faveur d'un départ précipité de la Compagnie chérie ... mes priorités étant autres ce jour là.

Je sais qu'il m'attend parce que deux jours plus tôt, j'ai été obligé de reporter notre entrevue, je n'avais pas pu me libérer comme je le pensais. Mais là, il était impossible pour moi de surseoir, de reporter à nouveau : j'avais vraiment besoin de le voir.

Je sonne, la porte s'ouvre sans que j'entende le son d'une voix ... je monte les escaliers de cet immeuble parisien typique, je sonne à nouveau à la porte de l'étage dont j'avais calculé qu'il était le sien, la porte s'ouvre sans trop de difficultés, et là j'attends ... j'entends du bruit pas trop loin. Je suis tout seul et j'entends le parquet craquer de loin, un bruit qui se rapproche ...

Une porte s'ouvre avec détermination ... toujours particulier ce premier contact visuel. L'oeil est rieur, tempes grisonnantes, vaguement bronzé, il est grand, assez mince et sa poignée de main est très virile. Il m'invite à le suivre, j'ai décidé d'être très obéissant. Je m'installe, j'enlève ma veste, il se referme derrière moi ... "Bon alors, qu'est ce qui se passe ?"

200 (3)

C'est ainsi que mon entretien avec mon nouvel ostéopathe a commencé. Je lui ai raconté que je souffre le martyr toutes les nuits à telle enseigne que m'enfoncer des pieux infectés dans le dos me ferait moins mal ... On dresse rapidement un bref historique de l'histoire calamiteuse de cette région de mon corps. Il me demande qui je suis, me fait vaguement parler de moi, mon boulot, ma vie, mon couple. Et puis, il me demande de me déshabiller.

Il constate d'abord que je dégouline ... j'explique que c'est parce que je viens de marcher vite pendant une dizaine de minutes ... Pas convaincu, il me fait remarquer que j'ai aussi les mains assez moites depuis tout à l'heure, ce qui me fait comprendre que mon explication est rejetée sans ménagement.
"Vous êtes un grand anxieux non ?" Comme j'acquiesse, il profite de cette capitulation pour m'en mettre plein le caisson. "Ouais en fait, c'est clair : vous avez du mal avec les situations de stress et ça se traduit comme ça. Première fois que je vous vois, vous êtes déstabilisé et donc voilà quoi ... C'est curieux pour un grand gaillard comme vous parce qu'effectivement, vous donnez le change en apparence, on ne pourrait pas s'en douter !" Et vlan ... c'est bon, tu peux me ramasser en version puzzle 6.700 pièces.

Ses mains se baladent sur mon dos tandis que je suis debout. En quatre traits dessinés avec ses doigts, le constat est sans appel. "Ah bah dites donc, ce n'est plus un dos que vous avez, c'est une chape de béton ! Nan mais ce n'est pas étonnant que vous ayez mal, il n'y a plus aucune souplesse donc tous les chocs, vous vous les prenez puissance 40 !" Après m'avoir fait remarquer avec habileté qu'un peu de sport ne nuirait pas et pas seulement que pour la souplesse de mon dos, il me fait m'allonger, tente de m'assouplir, se met sur moi, me monte dessus tellement je suis raide et hop ! Ce n'est qu'un seul craquement que j'entends mais tout un chapelet de 8 ou 9 ... "Vous vous rendez compte ? Et là, je n'ai pas fait grand chose !!!"

Pour me distraire puisqu'il a bien compris que j'allais me raidir davantage maintenant que je sais comment il fait, il me fait parler des raisons pour lesquelles je suis, telle la Chose des 4 fantastiques, un bloc. On en vient sur le travail puisque je lui explique que je suis en couple avec tout ce que cela suppose et tous les ajustements du quotidien nécessaires à ce type de situation, ce dont il convient. Mais lorsque l'on arrive à reparler du travail, c'est là qu'il va m'en mettre plein la tête.

- Nan mais votre travail, faut prendre du recul mon petit monsieur !!!
- Ouais sauf que ce n'est pas si simple mais vous savez, je le gère. Évidemment, y a des moments pus ou moins évidents mais dans l'ensmeble ça va.
- Mais ça fait combien de temps que vous le vivez comme ça ?
- Bah j'ai une fonction qui m'oblige à être rassurant, à trouver des solutions à tout et faire en sorte de revenir au réel tout en préservant la sécurité de l'ensemble. donc en ros, je suis en quête du mouton à cinq pattes tous les jours et à tous instants.
- Non mais c'est d'accord mais c'est pas possible ça ... Faut prendre du recul : là j'ai l'impression que vous absorbez tout et que vous encaissez tout alors évidemment, comme vous ne relâchez rien, forcément, c'est votre corps qui prend cher ! Ça fait longtemps ?
- Depuis un peu toujours
- Et là, c'est quoi qui est dur ? Vous avez quoi comme stress ?
- Bah j'ai des contraintes calendaires dans tous les sens, des interlocuteurs qui sont hyper stressés donc oui, j'ai beau essayer de relativiser, il arrive un moment où c'est un peu compliqué mais j'y arrive ...

Et là ... alors que j'étais allongé et lui debout, il me regarde de très haut et me lance :
"C'est dingue la façon dont vous vous exprimez. Vous savez quoi ? Le fait que vous didiez ça comme ça, c'est aussi le problème. Vous n'explosez jamais et vous vous astreignez à être un arrondisseur d'angles alors que ... Tout pique autour de vous mais vous, vous dites que non, c'est presque rond ! Vous savez quoi ? Vous êtes ahurissant parce que vous êtes un euphémisme vivant !"

Un euphémisme vivant !!! Oh la vache ... je ne l'avais pas vu venir et le pire c'est qu'il a raison. 
Euphémisme : Figure de style qui consiste à atténuer l'expression de faits ou d'idées considérés comme désagréables dans le but d'adoucir la réalité. On parle aussi d' "euphémisme de bienséance" lorsqu'il y a déguisement d'idées désagréables. 

Tu n'imagines pas ma tête ... Que veux-tu que je dise ? Bah oui, c'est clairement ça. Je compose et lui me dit qu'à force, je me décompose. Et pourtant, je lui ai expliqué ensuite que je gueule, que je fais la diva, que je remets tout le monde en place ... Sans que cela ne change sa façon de voir la chose, il a continué à me manipuler en m'expliquant que cette maigre soupape que je m'autorise n'était en rien suffisante au degré de tension que je m'impose et donc qu'il va falloir y aller franchement tout en faisant du sport et de l'exercice parce que cela va de pair.

Sorti de chez lui, j'ai ressenti un coup de barre monstrueux et tout ce qu'il m'a dit m'a tourné dans la tête ... et j'ai eu beau tourner le problème dans tous les sens [comme je sais si bien faire], il n'y a pas vraiment la moindre voie de passage possible pour une autre analyse. Mon précèdent ostéopathe m'avait expliqué que je suis un leader qui a besoin d'être rassuré par la règle et le cadre. Lui m'a expliqué que le cadre d'aujourd'hui me rassure vaguement mais surtout me contraint trop parce que je ne m'autorise pas vraiment à m'en affranchir et que je vis mal quand les autres le font devant mes yeux médusés.
En fin de rendez-vous, il m'a demandé si j'avais jamais été voir un psy, je lui ai dit que j'ai fait deux séances dans ma vie mais que j'avais abandonné parce que ça ne m'apportait rien. "Ouais, évidemment, c'est surtout que vous avez tellement contrôlé le discours et imposé votre cadre qu'il ne pouvait rien se passer. Là, pas de chance, votre corps parle et ça, vous ne parvenez plus à le contrôler. Héhé ..."

On se revoit bientôt quand j'aurai fait quelques analyses qui l'intéresse. J'adore son approche, frontale et virile.

Tto, euphémisant en permanence

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Commentaires
C
Il a bien cerné le colosse aux pieds d'argile et au grand coeur emmagasine comme un centrale nucluaire ;)
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J
Frontale et virile !…
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T
Etrange. Cela me rappelle quelqu'un...
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J
Pour une fois que j'entends (lis) notre Tto national se faire "conseiller" de la sorte, je ne peux qu'applaudir cet ostéopathe... Et perso, je le rejoins aussi dans la notion de contrôle et de cadre ! Allez courage !!
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J
Ce monsieur est un vrai professionnel qui ne se contente pas de "secouer " les vertèbres, il secoue aussi le mental.<br /> <br /> Euphémisme vivant: ça j'aime bien! MDR<br /> <br /> bon après midi
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