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une vie de tto
27 septembre 2015

La première fois que je vais y aller

2015 - PREMIERE FOIS

C'est curieux finalement ... On s'en fait toujours une montagne et en définitive, il ne se passe pas grand chose, en dehors de la soirée qui préside à une telle bascule.

Avoir 40 ans, tout le monde t'en fait des tonnes et des tonnes, t'explique que tu es caramélisé au point d'être avarié comme cela n'est même plus envisageable, que tu as basculé du côté obscur de la force et limite, les regards empreints d'une compassion infecte accompagnent les discours vaguement formatés censés te rassurer ou répondre à une convenance sociale. Au même titre qu'après 29 ans tu ne peux plus expliquer que tu es jeune, il faut croire qu'à partir de 40 il est illusoire d'être crédible lorsque tu maintiens que tu n'aas pas changé et que tu ne cherches qu'une chose : continuer à vivre en mangeant la banane par les deux bouts.

Comme mon âge n'est pas franchement un sujet de préoccupation, j'ai surfé là dessus avec l'aisance du pingouin en string sur la banquise. Mais le rouleau compresseur m'a amené à m'interroger et me retourner sur moi-même [souplesse physique dont j'étais persuadé qu'elle m'était totalement étrangère]. Finalement, ne s'agirait-il pas quand même d'une bascule et à l'instar de ce que je professe depuis des années, n'y aurait-il quand même pas quelque chose qui change ?

La réponse à laquelle j'arrive est affirmative. Oui ... il faut bien l'avouer, quelque chose a changé mais cela ne date pas de mon anniversaire, les racines d'une telle évolution étant à rechercher avant. Cet anniversaire n'aura finalement eu pour conséquence de me rappeler cette phrase que j'avais entendue de la bouche de l'écrivain Jean-Louis Bory qui, au détour d'une interview très intimiste avec Jacques Chancel qui l'interrogeait sur la condition de l'écrivain homosexuel revendiqué dans les années 70, avait déclaré qu'on était tous prisonniers des images propres à certaines tranches d'âge mais qu'il y avait quelque chose qui ne procédait pas de la norme sociale, c'est qu'à quarante ans, le corps cesse d'être notre copain.

Je pense que cela est très vrai. A partir de 40 ans, le corps avec lequel on gérait beaucoup de choses, avec lequel on pouvait se permettre pratiquement tout à telle enseigne que certains brûlent la chandelle sans ménagement, avec lequel on disposait d'un réactivité et d'une vigueur à nulle autre pareille ... oui ce corps cesse au bout d'un moment d'être cet ami complice de tous les projets, de toutes les envies et surtout de tous les excès. A 40 ans, le corps cesse d'être un copain et devient un partenaire exigeant avec lequel il faut composer, duquel il faut s'inquiéter, sur lequel il est salutaire de poser quelques limites parce que la licence universelle que l'on croyait sienne [plus ou moins relativement, je te l'accorde] est révolue si tant est qu'elle ait existé mais du mois, le croyait-on. C'est à quarante ans que le gong sonne, que le glas retentit comme pour rappeler que la récréation n'est certes pas terminée mais qu'elle impose un peu plus de maîtrise et de réflexion.

C'est presque terrible que de se dire que cela signifie que la jeunesse est à remiser au rang des souvenirs émouvants et regrettés ... Moi, je ne l'envisage pas comme ça parce que cela voudrait dire que l'esprit suit le corps. Or, dans mon propos, je fais clairement la différence et le fait que la proximité complice avec mon corps ait évolué n'implique évidemment pas que ce que j'ai dans la tête suive le même chemin, peut-être même tout au contraire. Non, il n'est question ici que de physiologie et d'anatomie. On n'a pas la chance à 40 ans d'avoir un corps disposant des mêmes qualités que vingt ans plus tôt, c'est purement factuel. On n'a pas la chance à 40 ans de gérer aussi bien les nuits blanches qu'on ne le faisait 25 ans plus tôt. On a tous les matins des douleurs dont on raillait nos parents parce qu'ils avaient au moins 25 ans de plus que nous lorsque l'insolence de la jeunesse nous permettait de croire qu'on serait éternellement insubmersibles. C'est de cela dont je tire le constat pour me dire qu'à mon tour, mes quarante ans ont mis en évidence ce que je savais déjà depuis plusieurs années : mon corps n'est plus forcément mon copain ou, à tout le moins, il est moins en mesure de m'accompagner dans tout ce que j'ai envie de faire [et Dieu sait que je lui en ai demandé des choses].

Qu'on ne s'y trompe pas, le spleen ne m'envahit pas, la dépression non plus et je participe clairement de cette idée que la fête est loin d'être terminée. Juste qu'il faut désormais faire davantage attention. Et c'est la raison pour laquelle je suis résolu à une chose : m'en occuper.
C'est ainsi que je me suis prévu un automne assez médical dans le sens où je vais, enfin, les faire tous ces examens, toutes ces consultations qui je remets par manque de temps et une certaine distance. Dentiste, cardiologue, kiné et autres vont commencer à me trouver très sympathique puisque j'ai décidé de venir grossir le rang de leurs fonds de commerce. Je dois aller voir mon médecin et, ne rigole pas, j'ai cinq choses sur lequel je dois l'interroger : c'est la première fois que je vais chez le médecin avec une telle liste.

Je vais le faire parce que je me dis qu'il n'est jamais inutile de faire un point de temps en temps, juste histoire de voir s'il y a quelque chose. Je veux le faire aussi parce que je ne vis pas seul et que je perçois chez Zolimari parfois quelques inquiétudes qu'un examen médical permettra de dissiper et, partant, de traiter en sorte que le symptôme d'un lever comme si j'avais 15 ans de plus ne lui fasse se poser des questions.

Mon corps n'est certes plus le copain de débauche qu'il a été mais il demeure mon partenaire consubstantiel pour la vie et pour aller loin, on m'a toujours dit qu'il faut savoir ménager sa monture.


Tto, bientôt check-upé de partout

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Commentaires
N
Ah bon.... le corps ne suis plus les envies???? Tu bandes mou????
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M
Il est bon de faire une révision et d'anticiper ou améliorer certaines difficultés <br /> <br /> Mais je vois un dentiste tous les ans depuis toujours ! ( mais je ne crains pas le dentiste )
Répondre
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