J'ai (toujours) besoin de vous
Au creux de la nuit, lorsque tout a été si difficile, quand j'ai affronté la violence la plus extrême [celle des sentiments, celle à laquelle on n'est jamais préparé], j'ai souvent écouté cette chanson. J'ai régulièrement pris le train de ces cinq minutes en altitude, comme pour m'évader, comme pour ne plus voir cette réalité désolante, comme pour échapper aux pleurs et aux cris.
La voix de France Gall est ce qu'elle est mais cette chanson était un cri poussé de l'intérieur, une plus belle déclaration d'amour, la meilleure démonstration que, non, je ne suis pas un solitaire malgré l'apparence auto-suffisante que je veux bien me donner et qui me sert de protection. En dépit du fait que j'affiche cette carapace, ceux qui m'ont compris le savent parfaitement : j'ai besoin de toi ...
Tanguer ... comme un bateau qui coule sur une mer déchaînée. Chanter, retrouver le mystère de mes secrets cachés. Je n'y suis pour personne quand je suis dans vos bras, que la musique nous donne la vie encore une fois.
Et j'ai besoin de vous, quand la vie m'abandonne, quand les soirs monotones me font douter de tout. Et j'ai besoin de vous, c'est à vous que je donne, seuls les sages et les fous n'ont besoin de personne ... J'ai besoin de vous.
Et j'ai besoin de vous, comme d'une passion cachée, comme des mots qui nous donnent des raisons d'exister.
Et j'ai besoin de vous, comme d'un amour secret qui me demande tout et qui me reconnaît. Comme j'ai besoin de vous
Et j'ai besoin de vous, quand mon âme m'abandonne, quand les tambours résonnent et tournent autour de nous
Et j'ai besoin de vous, c'est à vous que je donne, seuls les sages et les fous n'ont besoin de personne. Moi j'ai besoin de vous.
Jadis, c'est parce que j'étais seul que cette chanson sonnait comme un cri dans la nuit de la solitude, quand les problèmes étaient trop immenses, trop insurmontables.
Et puis, comme j'ai survécu et que j'ai gagné la bataille de ma courte vie ... j'ai réécouté plusieurs années après cette chanson. Et j'ai toujours trouvé qu'elle correspondait bien à ma relation à autrui.
Oui, j'ai besoin de vous. Sous mes apparences de grand solitaire, quasi autiste parfois, il se trouve que j'ai besoin de toi les soirs de spleen, j'ai besoin de lire chez toi cet intérêt pour moi qui me demande beaucoup mais qui me renvoie énormément. C'est aussi pour cela que je suis tellement exigeant avec mes amis : nombre sont persuadés que je ne suis qu'un guichet alors qu'en fait, j'ai vraiment besoin de tout cela, d'eux, de leur vie, de leur regard, de leurs critiques, de leur présence.
Dans la pénombre de ma vie, j'ai besoin de cette lumière qui me rappelle que je ne suis pas seul, que je peux tout dire parce que mon ami est nécessairement quelqu'un qui sait tout de moi mais qui m'aime quand même. C'est aussi pour cela que j'ai mis un terme sans ménagement aux relations avec ceux qui n'avaient pas compris ce besoin qui était le mien et que j'ai à chaque fois verbalisé. Ce besoin qui est le mien ne peut souffrir l'égoïsme ou le blocage durable.
Je ne suis pas sage ni fou ... j'ai donc besoin de toi, de toi ... de tous. C'est vrai ce que chante France Gall, c'est un amour secret dont les contours se dessinent au fur et à mesure, avec plus ou moins d'ambiguité. UNE VIE DE TTO est parfaitement l'illustration de cela : je m'offre sans pudeur [particulièrement cette semaine] et j'ai besoin de toi lecteur ... parce que cette expérience qui fêtera son dixième anniversaire prochainement m'a prouvé que j'ai fait des rencontres fondamentales. Quand j'appelle Mémé un soir pour lui confier toute ma détresse, quand je me livre à Benjamin sans filtre, quand je me sens utile à éclairer le quotidien de certains rien qu'en écrivant des choses que je considère peu fondamentales ... oui j'ai besoin de vous.
On n'est riche que de ses amis, et j'entends être très lourdement imposé en la matière parce que, oui, j'ai toujours autant besoin de vous. Et si tu écoutes bien le solo de guitare de la dernière partie de la chanson, tu entendras à quel point cela me sort des tripes ... J'ai tellement peur d'être abandonné.
Tto, toujours en demande