Lorsque j'ai décidé de faire cette "week will be music", une chanson s'est imposée naturellement ... comme un fait exprès, comme une constante, comme un credo hélas tenace et intangible, comme ... une évidence.
Je partage cette chanson depuis 1993 avec son auteur, depuis qu'un jour ... j'ai vu le clip de Jean-Baptiste Mondino à la télé, depuis que chacun des mots a résonné comme un poignard ou une lumière selon que je suis plus ou moins ravagé par la déprime ambiante.
Étrange sensation que de voir traduites par un autre les affres d'un désamour persistant que l'on a pour soi et que l'on pensait unique alors que non ... à l'évidence, on n'est malheureusement pas seul à être étrillé par un si bon bourreau que soi-même.
Comme Alain Chamfort, il y a dans ma maison quelqu'un dont j'me méfie, qui me défie, qui s'assied à ma place, qui m'ressemble comme un frère et qui respire mon air.
Cet ennemi dans la glace dont le regard me glace, sourit mais j'le connais bien ... Celui-ci n'me veut pas du bien
Il y a chez moi un hôte indésirable, insaisissable ... qui vit sous mon toit, qui dort dans mon lit et qui jamais n'm'oublie ...
L'ennemi dans la glace dont le regard me glace sourit mais j'le connais, l'ennemi dans la glace dont le regard me glace m'laissera pas en paix
Dehors je croise des étrangers, des ombres qui marchent dans le noir ... ce n'est pas d'eux que vient le danger mais je reconnais chaque soir mon pire ennemi dans ce miroir.
Sidérant comme cela me résume. Sidérant à quel point cela ne transparaît pas ? Tout simplement parce qu'on ne gère un ennemi et on ne gagne contre lui qu'en le faisant déjouer. Avec le temps, j'ai appris à composer, à me détacher de cette adversité profonde et insurpassable. Avec le temps va tout s'en va paraît-il, sauf cela parce que les mots apaisants ne sont qu'un baume qui n'éteint jamais le feu provoqué par ce Janus qui dissipe, comme un thuriféraire, les fumées nocives d'un encens maléfique laminant tout soutien que l'on peut se porter soi-même.
Paradoxalement, cela donne beaucoup de force puisqu'on est habitué à se battre. Et quel rival jurant la perte de son adversaire est plus performant que celui qui sait déjà tout ? C'est ainsi que l'on apprend à éviter quelques miroirs, à se satisfaire de pas grand chose et parfois, exceptionnellement, se trouver beau et presque désirable surtout si cette idée est provoquée et confirmée par les faits. Il n'est de si bonnes démonstrations que celles qui se concrétisent, celles qui sont mises en pratiques surtout pour un combattant qui ne voit son salut que dans ce qu'il voit et non plus seulement dans ce qu'il lit.
On se fait à tout, y compris à vivre avec soi-même même lorsque cela paraît de prime abord totalement impossible. Être heureux peut arriver quand la guerre cesse, quand l'armistice est trouvée mais elle ne sera toujours que de courte durée parce qu'en baissant sa garde, on revient toujours sur les lieux de la bataille, dans ces tranchées d'où l'on ne discerne plus la lumière, là où la réalité devient impalpable et les spectres surévalués d'une opinion partiale ont trop d'importance ... fut-ce la mienne sur moi.
Tto, meilleur ennemi du monde de moi-même