Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
une vie de tto
8 mai 2014

Encore plus loin avec Manu

Plus loin avec Manu

La première partie de l'entretien est ici

Quelle est ta plus grande fierté à ce jour dans l’accomplissement de tes fonctions ?

Je ne sais pas trop. Le travail d’un élu est un travail de fourmi. Peut-être d’avoir accompagné quelques jeunes par nos actions diverses à trouver du boulot malgré un contexte personnel très compliqué, et, en contrepartie de notre aide, à les avoir encouragé à donner du temps pour d’autres, via des associations d’entraide par exemple.

Dans 15 ans, tu seras où et tu feras quoi ?

Franchement, j’en sais rien du tout. Qui sait ce que nous réserve la vie ? J’ai 6 ans de mandat à tenir, à assurer, c’est long et dense.

Oui mais pour autant … je sais bien que l’on ne sait pas ce que nous réserve la vie mais on peut avoir des envies. Dans 15 ans, tu as envie de quoi ?

D’avoir une vie qui me convienne. D’abord d’être heureux en couple. Puis d’être bien entouré. Ensuite avoir un boulot qui me plaise. Ne vient qu’après l’envie d’un mandat intéressant. Je ne peux pas dire si la politique fera encore partie de ma vie dans 15 ans, c’est trop lointain.

Tu exerces ton mandat dans une ville particulière (dont je ne pense pas utile de dévoiler le nom). Mais exercer un tel mandat, cela a-t-il encore plus d’intérêt dans une ville de banlieue parisienne, disposant d’une histoire ouvrière ?

C’est un contexte particulier en effet, passionnant, mais très difficile aujourd’hui car on sent que cela bouge, que les problèmes sont énormes et les solutions maigrichonnes, et surtout que nous n’avons que peu de moyens pour s’y attaquer. Mais j’aime cette ambiance particulière, très à gauche, où le débat d’idées est quand même présent, historiquement, et arrive à vivre un peu (pas assez, clairement, mais c’est déjà ça).

Et c’est passionnant d’être dans une ville qui fait partie de la métropole parisienne, qui est toute proche de Paris, sans y ressembler pour le moment, avec des populations très variées (47 nationalités, 45% de logement social, de tous types, de nouvelles populations qui arrivent (+2000 habitants en 10 ans), etc.). Les défis sont énormes et, comme nous avons pour le moment pas mal de ressources fiscales grâce à nos entreprises, nous pouvons avoir de l’ambition, et tester, expérimenter. Et être très présents dans la ville.

Pour arriver là où tu es, le plus important c’est quoi : le profil de compétences ou le profil militant ?

Les deux mon bon monsieur. Les deux. Il faut être un militant. Aimer débattre, participer à des campagnes électorales (se lever à 5h du mat pour aller coller des affiches, faut vraiment adorer, hein… ou aller faire du porte à porte tous les soirs de la semaine pendant 2 h, c’est un sacerdoce), avoir des convictions politiques ancrées. Il faut avoir envie d’agir et de travailler (du moins, dans ma conception… d’autres ne sont pas comme ça hein… et le contexte de ma ville, plutôt petite, avec des sections militantes en faible nombre, est différent d’autres villes). Et puis il faut, du moins pour espérer une délégation importante, être capable de s’attaquer à des sujets qu’on ne maîtrise pas du tout (il ne faut pas, à mon sens, être élu sur un domaine où l’on travaille car on aura vite fait d’entrer en concurrence avec les services, alors que ce n’est pas le rôle des élus). 

De qui te sens-tu le plus proche à gauche ?

François Hollande quand il était candidat. Aujourd’hui, je ne sais pas trop.

As-tu eu envie d’évoluer vers des fonctions plus nationales soit au sein du Parti Socialiste soit au sein d’un Ministère ? Pourquoi ?

Non, car je ne suis pas prêt à faire ce qu’il faut : « grenouiller » dans mon parti, élaborer des stratégies à 72 bandes pour évincer tel ou tel… tout ça m’écœure et m’insupporte. J’ai l’ambition d’être un bon élu local, et c’est déjà suffisant.

Tu te rends compte de ce que cela signifie quand même … cela veut dire que finalement, les structures partisanes sont gangrénées par l’ego et l’ambition professionnalisée. Il est où l’idéal dans tout ça ?

Ça a probablement toujours été le cas… Et beaucoup d’élus locaux ont envie d’agir, en toute bonne foi. L’ego est un formidable moteur aussi, pour arriver à agir dans un sens qui nous convienne. Mais il est aussi un formidable fossoyeur de l’idéal quand il devient trop gros.

Parlons davantage d’idées … on oppose souvent le socialisme pragmatique (caricaturé en gauche caviar et affairiste) au socialisme historiquement plus radical (presque syndical). Qu’en penses-tu ?

Je pense que la présence, au sein de la « famille socialiste », de ces deux courants reste une réalité. Même si la seconde s’est vue de plus en plus marginalisée depuis pas mal d’années (mais on verra ce qu’il en sera dans les années à venir, suite à l’action du gouvernement Valls).

Les socialistes sont réformistes. C’est-à-dire qu’ils souhaitent gouverner et faire changer les choses de l’intérieur. C’est la grande rupture historique au sein de la gauche, depuis la fin du 19e siècle (réformistes vs révolutionnaires). Et cela a été encore renforcé ces dernières années, par exemple avec la suppression de la mention de la « révolution » des statuts du PS. Maintenant, au sein des réformistes, plusieurs courants existent, plus ou moins « gauchisants ». La pensée socialiste européenne a évolué fortement depuis les années 1980, que ça soit avec le tournant de la rigueur de Mitterrand au milieu des années 1980, la conversion de nombre de partis de gauche européens à la social-démocratie ou au social-libéralisme. Tony Blair, Gerhard Schröder en étant des exemples parfaits. Zapatero également. Le PS français reflète ces débats, parfois violents comme dans le cas du référendum sur le TCE. Les différences entre les courants de pensées portent sur le rôle de la puissance publique quant au marché, à l’économie, et sur la place de l’individu face au collectif. Je simplifie fortement bien entendu. Les sociaux-libéraux considèrent que l’économie relève majoritairement du privé et que les pouvoirs publics doivent avoir un rôle de soutien et d’impulsion (ce qui diffère des libéraux purs qui considèrent que l’Etat n’a pas de rôle à jouer là-dedans),  mais aussi un rôle d’accompagnement des individus les plus en difficulté (assurance chômage, etc.), pour redonner à chaque individu sa chance. La logique collective perd de sa force face à une logique plus individuelle, même si elle existe toujours (il faut des lois de protection des salariés, mais il faut aussi diminuer certaines contraintes pour en faire bénéficier l’entreprise).

Les courants plus à gauche considèrent que l’Etat doit avoir un rôle beaucoup plus interventionniste, protecteur avant tout des salariés, contre une économie dérégulée. C’est la Loi qui prime sur son adaptation via des accords d’entreprises. Le collectif n’est pas que la somme des individus, c’est plus que cela. Et c’est aux entreprises, aux individus de s’adapter à la Loi collective, pourtant nécessairement moins capable d’une vision précise de chaque situation.

L’opposition classique entre gauche égalitaire et droite libérale se retrouve en fait au sein du PS dans une moindre mesure. Les courants sociaux-démocrates/sociaux-libéraux atténuant la doxa égalitaire par une dimension plus « liberté individuelle ». C’est clairement aujourd’hui la ligne politique de François Hollande, dans laquelle je me retrouve en partie, même si je trouve que certains choix ne vont pas dans le bon sens (comme la baisse de certaines prestations sociales).

To be continued

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Les élus locaux sont des rustines commodes pour les partis: ils réparent sur place, avec des moyens de fortune, les dégâts que la politique qu'ils soutiennent au niveau national provoque au niveau local; ils font un peu de charité locale pour qu'au niveau national, leurs "camarades" puissent se donner bonne conscience à petit prix.<br /> <br /> C'est pour ça qu'ils perdent la confiance des Français, car ces derniers ne sont plus dupes des fausses larmes de crocodiles des élus locaux, car ils voient bien qu'ils ne servent pas à grand chose et approuvent les grandes orientations nationales.<br /> <br /> Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'ils plébiscitent la réforme de la carte administrative: moins de collectivités locales, moins de régions, la suppression des départements, c'est surtout supprimer un nombre d'élus conséquent. Au moins une chose avec laquelle ils sont en accord avec Valls et Hollande.<br /> <br /> Enfin quand on voit que, dans certaines nouvelles mairies élues, la première chose qu'on fait les élus locaux, s'est de s'attribuer des récompenses en postes d'adjoints, au point, par exemple, que celui de l'urbanisme n'est pas celui des espaces verts qui n'est pas non plus celui de la politique de la ville, on se dit que l'avenir de leurs concitoyens n'a vraiment pas l'air leur souci principal.
Répondre
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité