Les leçons à tirer du plan à 3 d'hier ? Bah ... le PS s'est fait enfiler proprement alors qu'il ne l'espérait pas autant tandis que les forces de droite UMP et FN se sont bien amusées et attendent frénétiquement de remettre ça dimanche prochain. A cela, rien d'étonnant, surtout si tu me lis régulièrement puisque je t'annonçais cela il y a presque six mois [ça, c'est pour mon ego ... et tu vas voir que tout ce que j'ai annoncé va se produire], raison de plus pour ne pas y revenir.

Plus d'un français sur trois n'est pas allé voter soit pour protester, soit parce qu'il ne se sent pas concerné laissant ainsi les clefs du jeu démocratique à ceux qui se mobilisent le plus [les extrêmes étant redoutablement efficaces]. Mais surtout ... au delà du cas désespéré de Marseille, de la faillite de certains, du désarroi de ceux qui pensaient encore passer au premier tour et sont condamnés à la triangulaire, il y a un enseignement majeur : le Front National est vraiment devenu la troisième force politique du pays puisqu'il peut désormais se prévaloir d'un enracinement local d'ampleur [il aura presque un millier de conseillers municipaux]. Cela lui assure une pérennité de son financement, une ouverture sur le Sénat et, enfin, la possibilité de mettre des actes en face des paroles dont il nous abreuve depuis des lustres.

Face à cela, les socialistes sont dans le fossé, hallucinés par la déroute et tétanisés par le nécessaire rebond que Jean-Marc Ayrault ne peut plus incarner ... quant à François Hollande, le doute commence à se faire définitif. J'entendais un élu ce matin dire que depuis deux ans, on avait fait du sociétal là où les gens attendent du social. C'est partiellement vrai même s'il faut être honnête et reconnaître qu'on a fait beaucoup de social dont les effets ne sont pas immédiats. Cruelle mais régulière injustice contre laquelle le dos rond ne sert à rien.

A l'UMP, on aurait tort de se réjouir ... la vague bleue n'a pas lieu, c'est seulement un mouvement modeste de balancier plombé par une autre vague bleue, marine. Définitivement, le sarkozysme est le crépuscule du gaullisme et j'entendais Zemmour hier analyser tout cela en disant que l'UMP est à la croisée des chemins : assumer la ligne Buisson avec des propositions de droite dure ou ouvrir le boulevard à Marine et ses sbires en préférant se recentrer sur les terres encore chaudes de l'UDF [puisque l'UMP n'est rien d'autre qu'une annexion de l'UDF par un RPR qui, depuis, se décentre]. Copé n'a rien gagné, c'est Hollande qui a presque tout perdu [et Paris ne masquera pas grand chose tant la victoire d'Anne Hidalgo sera inefficace à effacer la déroute marseillaise qui est une gifle monumentale].

Donc bon ... hier soir, j'ai regardé les soirées électorales et j'en suis arrivé à la conclusion que le système politique français n'est plus bipolaire mais bien tripartite. Les chantres d'un renouvellement de la classe politique pavoisent, j'y vois surtout le signe d'une instabilité grandissante au moment où il faudrait dégager des majorités franches pour agir. D'ailleurs, nombre de conseils municipaux vont être difficiles à manier [Marseille notamment] du fait de l'irruption claire du Front National, ce qui expose au blocage de certaines institutions locales.

Pourtant, la gueule de bois de la gauche [puisque le Front de Gauche s'est encore pris une raclée, les Verts prospèrent sur les dépouilles du socialisme local] n'est pas finie. Dimanche prochain, la bascule des villes sera faite en dépit d'arrangements que les français vont rejeter et au prix d'une prime à l'essai des candidats Front National. Non, le pire, c'est pour le 25 mai 2014.

Tu voteras [ou pas ... mais surtout pas si j'en juge par l'histoire électorale de ce pays] pour élire les députés européens. Et là ... le Front National arrivera en tête, envoyant ainsi un message très clair à l'Europe et aux autres pays de l'Union : la France, pays fondateur, va casser la logique européenne à raison du nombre de députés frontistes élus. marine Le Pen réclamera une dissolution de l'Assemblée Nationale en expliquant que celle-ci ne représente plus rien de la France qui s'est exprimée et François Hollande continuera son bonhomme de chemin [étant précisé que l'UMP se prendra le même gadin que le PS, rongé par les Verts et le Front de Gauche qui profiteront des bienfaits du suffrage à la proportionnelle].

Si sursaut il doit y avoir, il va falloir être bon maintenant puisque le droit à l'erreur n'est plus permis. Qui va occuper Matignon ? Valls, Chevènement [oui, je crois encore que c'est la meilleure solution], Fabius ? Que faut-il faire pour sauver les élections régionales de 2015 qui s'annoncent devoir être une débâcle sans précédent si cela continue ainsi ? Je me doutais bien que le Front National profiterait de la crise comme les partis populistes le font en de pareilles circonstances en prenant bien garde de ne rien proposer de sérieux, mais je n'avais pas pensé qu'il serait si haut, qu'il accrocherait au moins 15% des suffrages exprimés alors qu'il présentait la plupart du temps des candidats peu expérimentés. Les 22% du candidat frontiste à Marseille sont plus inquiétants que l'élection de Steeve Briois à Hénin-Beaumont, ou l'arrivée évidente de Florian Philippot, Gilbert Collard ou encore David Rachline sur des terres laminées par la médiocrité des caciques en place.

Je n'ai jamais aimé les plans à trois ...

Tto, qui trouve qu'il y a beaucoup de choses à comprendre dans ce vote d'hier