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une vie de tto
19 décembre 2013

La tournée des adieux

19 décembreCe n'est pas la première fois que cela m'arrive mais, à nouveau, ma secrétaire quittera l'entreprise pour un semblant de retraite demain soir. L'avantage de la pyramide des âges des entreprises dans lesquelles j'évolue est que je suis confronté à ce genre de circonstances régulièrement.

Pourtant, là, cela ne fait que sept mois que je travaille avec elle, cinq que je connais l'échéance, quatre que je me démène pour la remplacer, deux que j'y suis parvenu ...
Je suis un peu un bloc de glace au travail : pas d'accroches sur ma vie privée, pas de sentiments déclarés, pas de confusions d'amitié ... cela apparaît dur, rude et tranchant mais c'est la meilleure protection qui soit, celle qui laisse au garçon que je suis le plus de marges de manoeuvres.

Sauf que l'occasion de tels départs [pour une femme qui a fait plus de 30 ans à la Compagnie chérie], je suis contraint, malgré tout, de rogner sur ces principes, obligé de transiger avec tout cela. Ce n'est pas que cela ne me met pas à l'aise, c'est juste que je n'aime pas cela.

Demain, ce sera le grand déjeuner avec tout plein de gens et j'ai déjà annoncé que toutes les filles allaient pleurer, ma secrétaire étant la première à partir ... donc tu imagines ce que cela va être pour son propre départ ! Comme d'habitude, je ne pleurerai pas. Cela ne voudra pas dire que je ne sois pas triste. C'est juste que je ne pleure pas en public et même vis à vis de Zolimari, je me cache souvent lorsque cela m'arrive.

Ces dernières heures passées à travailler ensemble sont l'occasion de confidences de la part de ma secrétaire. Elle se réjouit de partir parce qu'elle en a marre mais me dit aussi qu'on aurait bien travaillé ensemble parce que je suis un patron sympa même si elle a bien compris qu'elle se serait faite avoir parce que je finis toujours à avoir ce que je veux. Feignant de ne pas comprendre ce qu'elle entendait par là, elle m'a rappelé que malgré ses "non" et autres "ah mais ça je n'ai jamais fait", je n'ai jamais faibli à lui demander précisément ce qu'elle essayait de ne pas faire. Derrière mon sourire désarmant, je passe toujours comme il faut, avec l'air de ne jamais forcer tout en ne laissant pas le choix. "Tu es fort, y a pas de doute, tu sais y faire" m'a-t-elle lancé hier ... "Je me serais faite avoir dans les grandes largeurs" m'a-t-elle répété. Probablement même si je lui ai fait admettre que j'étais loin d'être tyrannique, plutôt conciliant et que je n'avais qu'une exigence : que le boulot soit fait. après, on peut rire, s'amuser, parler de problèmes persos mais s'il faut sortir quelque chose, j'exige que cela le soit.

"Je pense aussi que tu aurais voulu m'impliquer sur d'autres dossiers que ceux dont j'avais l'habitude" m'a-t-elle lancé mardi ... Elle a vu juste, je n'ai pas la conception d'une secrétaire ou assistante qui soit une esclave. Bien sur, il faut pallier tout ce que je ne sais pas faire et qui m'ennuie prodigieusement [la tenue de mon agenda étant l'une des premières choses] mais j'ai aussi à coeur de donner à voir des choses qui permettent de s'élever un peu, de sortir de la routine. Je l'ai fait avec chacune, à telle enseigne que je l'ai inscrit dans les objectifs de ma nouvelle assistante pour 2014 ["nouvelle" étant assez relatif puisque c'est celle avec laquelle j'avais travaillé en 2012 avant d'être brutalement transplanté dans mon nouveau poste].

Il parait que j'ai bien géré la transition entre les deux alors que ce n'était pas gagné et que la motivation de mon actuelle secrétaire était proche de 0, il parait que j'use de beaucoup de psychologie au quotidien, il parait que j'ai le don pour donner un peu de souffle aux choses ou plomber l'ambiance si je n'ai pas envie ... Ouais ouais ... Je sais juste une chose : à ce jour, mes cinq assistantes m'ont toutes dit la même chose lorsque nous avons cessé de travailler ensemble ... "Dommage de partir si tôt finalement parce que c'est tellement agréable de travailler ensemble". Ah oui, je suis taquin, ah oui je suis exigeant, ah oui je sais être dur ... mais oui, je suis définitivement humain parce que les boites dans lesquelles nous travaillons aujourd'hui ne le sont décidément plus du tout. C'est ma forme de résistance et ma responsabilité de manager ...

Tto, qui pense qu'il ne se débrouille pas si mal

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Commentaires
C
Et tu lui as acheté un joli cadeau de départ ? :)
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