Alors que la France croulait sous la canicule en 2003, Jean-Pierre Raffarin avait raillé l'indifférence des jeunes générations à l'endroit de leurs aînés en expliquant que l'on s'en désintéressait trop, qu'on les laissait dans leur coin comme ça, à l'abandon ... Eh oui ... ingrats que nous étions.

J'ai pris conscience de cette terrible réalité et je me suis promis d'avoir moi aussi mon p'tit vieux ou ma p'tite vieille comme, naguère, on avait son Tamagoshi [à ceci près que je ne vais pas quand même jusqu'à le nourrir, le changer ou le changer de place devant la fenêtre parce que bon, j'suis pas auxiliaire de vie quand même !].
Oui, j'ai le mien ... un peu ma croix, un peu mon boulet, un peu mon Panthéon de vécu par rapport à la jeunesse insolente qui est la mienne. Et ma dévotion est à ce point unanimement reconnue qu'elle a conduit depuis bientôt 7 années à m'associer à ce fossile, cette antiquité, ce témoignage d'un temps désormais révolu, cet objet d'étude pour le Carbone 14, cette empreinte rétrograde, cette présence surannée, cet archaïsme vieillissant [encore plus aujourd'hui qu'hier .. et bien moins que demain] : ChrisBi !

Oui, lecteur, aujourd'hui, l'occasion m'est donnée de parler de Mémé ... ma Mémé qui pique, ta Mémé qui fait toujours des kilos de fautes d'orthographe, cette Mémé pédéblogueur qui bave toujours autant devant les ptits jeunes qui ne sont plus de son âge [quand même ... ça confine à la plus pure gérontophilie à ce niveau !!!], le Mémé qui nous inonde de ses écrits depuis tant d'années et que je vais toujours lire avec, à chaque fois, l'envie irrépressible de me défouler avec un commentaire vachard, le rendant - de fait - plus populaire puisque l'on s'appitoie sur son sort. longtemps, on nous a pris pour un tandem ... on m'a même marié à lui, certains ont glausé sur une relation suivie entre nous, sur des ébats mythiques qui nous auraient réunis ... sauf que non, Mémé c'est Mémé !

Aujourd'hui, Mémé s'en prend une de plus dans le ratellier ... Oh non, ne compte pas sur moi pour te parler de Mémé et ses mecs : j'en sais beaucoup trop sur la question pour m'aventurer dans des terres si incertaines et, partant, risquées tant je suis épouvanté d'avance de découvrir ce que je ne saurais pas déjà. Il faut dire qu'il m'en a fait voir [au sens propre comme au figuré] ! C'est d'autant plus certain que je l'ai contraint très tôt à un Yalta : moi, je prenais les bruns jolis et je laissais à Mémé les moches. Évidemment, cet accord n'a pas tenu puisque Mémé n'en fait qu'à sa tête [quand il ne la perd pas] ... Si je te montrais les photos de gars qu'il m'envoyait à chaque fois qu'il allait se défouler [ou se faire défouler], toi aussi tu aurais songé à le faire placer sous cu(l)ratelle !

Mais voila ... les ptits vieux, c'est comme ça maintenant ... Faut les laisser vivre leur vie comme des adolescents dégénérés, comme des Charles Aznavour du plan cul [ceux qui ne veulent jamais prendre leur retraite alors qu'on leur implore de cesser !!!], comme de Johnny Hallyday persuadé de leur caractère inoxydable alors que bon ... Donc, comme je l'ai déjà dit ici, je le laisse faire, croire qu'il a encore un âge que son dos invalide régulièrement, qu'il est capable d'enquiller des nuits blanches qu'il paye pendant 15 jours, qu'il peut encore faire des galipettes olympiques alors que son état de vétusté le destine plus aux paralympiques. Je sais que rien n'est grave et c'est quand il m'appelle que je m'inquiète, c'est quand il fait semblant d'aller très bien que je suis en proie aux soucis. Il parait que c'est cela l'amitié : moi, je m'en fous ... Je sais qu'il est mon sociétaire, celui que je traîne avec moi depuis des années et qui ne m'a jamais trahi.

On dit parfois que je suis dur avec lui, vachard et rosse ... Oui mais, ceux qui s'arrêtent au torrent de saloperies que je raconte sur lui n'ont rien compris à l'histoire. Il adore que je parle de lui, il aime que je le chambre, il apprécie que je me défoule à son sujet [que dis-je, il rêve que je me défoulasse sur lui autrement mais voila ... pour les raisons rappelées précédemment, il ne peut en être question, et puis il n'est pas brun et criblé d'implants capillaires !!!]. Oui, je suis caustique et je ne lui passe rien mais lui non plus, même s'il répugne à le dire aussi ouvertement que moi [certainement à cause de ses nombreuses défaillances en matière d'aurtôgrafes ... oui, ça aussi]. Il n'y a là dedans pas la moindre once de méchanceté, juste l'envie de le bouger parfois parce que le voir enfermé dans des logiques faciles ou des impasses me peine tant j'espère pour lui le meilleur. Alors oui, je l'avoine quand il pond un billet facile qui ne sert à rien, je le pourris quand il nous inonde de dépêches inutiles qui parlent de zizis, ... oui, il vaut mieux que cela, y compris quand il se lance à me dire que celui-ci est joli ou que ce qu'il a repéré est tendance ! C'est ça mon problème : je suis exigeant avec ceux que j'aime.

Aujourd'hui, Mémé va souffler [s'il le peut encore] une bougie de plus et je ne suis pas peu fier d'être là cette année pour assister au déluge de postillons qu'il ne manquera pas de déposer sur le gâteau, comme s'il lubrifiait je ne sais quoi dans sa backroom préférée [toilettes du rez de chaussée du Centre Commercial Régional de Vélizy, entre 12h15 et 13h25]. Zolimari le trouve secret et parfois ailleurs, c'est possible mais j'ai la chance, avec le temps, d'avoir les clefs qui permettent de décoder cet état. Avec le temps, je suis toujours là quand ça ne va pas, quand il se fait larguer bêtement, quand il tombe le masque conformément à ce que j'avais prédit quelques années plus tôt ... Ah ça oui, Mémé le sait bien : avec lui peut-être plus qu'avec d'autres, j'ai vraiment toujours raison.

Alors oui, ce soir je serai avec celui qui a tenu Champollion sur ses genoux, celui qui l'avait dit à Louis XVI qu'il allait perdre la tête, celui qui fait passer Régine pour une pure jeune fille [faut dire que moins de monde est passé sur Régine que sur Mémé], celui qui est à la jeunesse ce que Nabilla est la culture, un espoir déçu, celui qui ne suce pas que de la glace selon Zolimari, celui qui ne m'a toujours pas donné son choix pour la couleur de son déambulateur, celui qui va bientôt se baigner tous les soirs dans sa baignoire Micheline Dax en écoutant Christian Morin et sa clarinette [autant te dire qu'il ferait bien autre chose que l'écouter si on le laissait faire], celui qui est un peu notre Loana à nous les pédéblogueurs [euh, pas que pour le physique je dis ça] ... celui qui est mon ami, Mémé quoi !

Tto, qui va se venger ce soir ...