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une vie de tto
10 mars 2013

La première fois que j'ai vu sa grand mère

la premiere fois

C'est toujours pareil ... Après avoir oeuvré longtemps et avec assiduité, l'étau se desserre et soudain, tout est plus simple. Zolimari est coutumier du fait et c'est quand je vis ce genre de moments que je sais que je suis dans le vrai. Samedi soir dernier, nous étions chez mes parents lorsqu'il m'a entrepris dans leur cuisine où nous nous trouvions seuls ...

"Je peux te demander quelque chose ? [Il est gêné comme s'il devait m'annoncer qu'il vient de s'envoyer en l'air avec une demi-équipe de rugby] Est-ce que tu voudrais bien qu'on déjeune avec ma grand mère demain midi ?". Avec le temps, j'ai appris à intégrer que c'est sa façon de fonctionner : mettre les gens au pied du mur pas forcément pour les prendre en otage mais parce qu'il a reculé au maximum le moment où il posera la question. Il a prévenu sa mère de mon existence et de notre pacs moins de quinze jours avant la date ...

Ayant répondu oui comme si cela était évident [ce qui était le cas], il a appelé sa grand mère qui lui a fait remarquer qu'il la prenait un peu de court. Qu'importe, elle a dit oui et nous nous sommes vus le lendemain, allant la chercher pour aller déjeuner au restaurant [oui, le problème de prévenir à la dernière minute, c'est que préparer un repas ne s'improvise pas non plus ... donc le repli stratégique sur le restaurant était la seule solution].

Zolimari a toujours contingenté à l'extrême sa famille de moi. Longtemps, j'ai eu du mal à m'y faire, y voyant une négation de moi, de sa vie et du reste. Longtemps, cela m'a blessé et puis, il y a peu, j'ai choisi de le mettre face à ses responsabilités : ok, tu veux gérer comme ça mais assume mon grand. Chez moi, les choses sont dites et simples, chez toi tout procède du non-dit et de la combine. Et forcément, il lui ai apparu que c'était plus sympa de faire comme moi, moins prise de tête et surtout, tout le monde s'y épanouit davantage. En creux, cela l'oblige à faire face aux conséquences de son attitude un peu bornée et donc gérer des situations abracadabrantesques, ce d'autant que je ne lui facilite pas la tâche puisque ce n'est pas mon choix et que je répugne à me rendre complice de ce que je considère être grotesque. Aussi, être présenté comme "un ami" à son père, il ne me l'a fait qu'une fois mais je l'ai prévenu que cela n'arriverait plus : soit je suis présenté comme celui que je suis, soit je ne le vois pas. Bref ... Il y a peu, j'ai appris que sa maman [que je connais et que je vois le plus possible, mais pas tant que ça] avait parlé de moi à la grand mère de Zolimari [avec mon prénom et tout et tout ...]. Oui, je l'avoue, j'ai savouré en me demandant comment il allait gérer cette brèche dans son petit système ...

Tout naturellement, j'ai donc accompagné Zolimari ce dimanche dans cette épreuve pour lui, parce qu'il faisait la lumière sur une partie de sa vie sur laquelle les siens n'ont pas le droit au chapitre et que j'ai toujours dit que je serai là en de pareilles occasions [parce que c'est mon rôle et c'est ma place]. Dimanche dernier, j'étais là et je dois te dire que je n'aurais loupé ça pour rien au monde ...

Nous sommes arrivés en retard. sa grand mère est une femme toute petite qui d'emblée m'a appelé par mon prénom [ce qui m'a surpris, je dois l'avouer] de sorte qu'il n'y a pas eu de protocole de présentation. J'adore son parfum, j'aime beaucoup sa voix calme et douce. Son regard est tendre et protecteur ... Elle est frèle et attachante .. La maison, je la connaissais parce que j'étais venu [en cachette] aider la mère de Zolimari à faire un peu de jardinage quand le grand père de Zolimari était entrain de mourir. L'ambiance a été d'emblée assez détendue. Je suis resté un peu dans la réserve en répondant quand j'étais interpellé et en affichant un sourire qui coïncidait avec le temps, lui même radieux. Et puis, nous avons pris la voiture et sommes allés dans le XVème pour trouver place dans un restaurant assez sympa [l'Ardoise du XVè, enciennement la Cocotte] qui eut le redoutable avantage de permettre la discussion puisqu'il n'y avait pas beaucoup de monde et qu'on s'entendait assez bien. On a bien mangé et juste après, nous sommes allés nous balader dans le Parc André Citroën qui n'est pas loin.

Si je dois retenir une chose de cette journée, c'est la fluidité de nos échanges et le fait que Zolimari a été content comme sa grand mère. Moi ? Comblé ...
En fait, je trouve ça d'autant plus dommage que le fait est que tout se passe bien. C'est regrettable de compliquer autant des choses qui sont simples finalement. Oui, j'ai adoré cette journée parce que j'ai senti qu'il avait fait un pas énorme, qu'il avait enfin compris que, dans le fond, rien n'est grave quand on présente les choses de façon simple et décomplexée [comme je m'applique à le faire à chaque fois ... et ça marche]. J'étais heureux parce que j'ai senti beaucoup de tendresse entre Zolimari et sa grand mère, de la complicité ... bref un univers que je ne connais pas puisque j'étais contraint de rester dans l'ombre pour ménager des apparences dont Zolimari doit finalement être le dernier à croire qu'elles sont sauves. Qu'importe : c'est lui qui dicte le tempo ...

En revenant de chez sa grand mère, il avait le sourire, le sourire du garçon qui a réussi quelque chose, qui a déjoué ses angoisses. Moi, je pensais, comme souvent, qu'il a bien de la chance d'avoir encore sa grand mère et, comme je lui ai dit un soir qu'il était un peu déprimé à ce sujet, que cette chance ne doit en aucun cas être gâchée. Je le sais d'autant mieux que j'ai perdu mes grands parents très tôt et que je n'ai pas eu le plaisir d'en profiter [ce dont je souffrirai jusqu'au bout je pense]. Mon affection profonde et inconditionnelle pour les personnes âgées vient de là ...

Le lendemain soir, Zolimari m'a montré un texto que sa maman lui avait envoyé en lui disant que sa grand mère avait beaucoup apprécié sa journée avec nous et qu'elle m'avait trouvé très agréable, "comme moi" a-t-elle rajouté. Bah oui, ça me fait quelque chose tout ça parce que je ne cours pas après une normalité, je ne cours pas après une acceptation ou que sais-je encore : j'aspire à des choses simples et décomplexées tant la vie me fournit d'occasions que les choses ne le soient pas. Le dimanche soir, j'ai regardé Zolimari en lui disant dans le creux de l'oreille "C'est bien ce que tu as fait aujourd'hui, bravo", parce que je le pense et que je crois qu'il parvient petit à petit à trouver les chemins pacificateurs que j'ai déjà emprunté et dont je connais les vertus apaisantes.

En outre, c'est con mais j'y vois un signe de confiance et de valorisation me permettant de combattre le sentiment de négation que j'éprouvais à Noël ou à l'occasion de circonstances familiales. J'y vois le signe que je suis pleinement dans sa vie et non plus mis de côté parfois. C'est essentiel.

Tto, gendre presque idéal

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Commentaires
K
En tout cas rien de te lire, on goute nous aussi à un moment agréable. Ca m'a donné l'envie de rencontrer sa grand-mère... bon il faudrait déjà que je le rencontre ! Mais ça viendra !
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S
La peur peut expliquer cette compartimentation de sa non?<br /> <br /> Mais l'important c'est le décloisonnement :)<br /> <br /> Je suis content pour vous deux
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J
un très beau moment plein de de tendresse - d'attentions - compréhension<br /> <br /> d'amour tout simplement
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T
Ca fait du bien ce genre de billet de bon matin. Je ne sais pas pourquoi mais je me reconnais un peu dans Zolimari. J'espère que celui qui marchera à mes côtés te ressemblera pour le coup...
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G
Pourquoi gendre "presque" idéal ? Au vu de tout ce que j'ai pu lire ici, tu peux très largement en assumer sans orgueil le titre ! Tu es bien plus conciliant que peuvent l'être la plupart des gens et tu ne fais pas ça pour ton seul intérêt immédiat. C'est une belle preuve d'amour et d'humanité que tu démontres...
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