Ils ont toujours ma faveur, mon attention et même ma profonde considération : ce sont les moments de vérité, ces instants où sortent ces paroles retenues souvent, ces pièces d'un puzzle que l'on croit pouvoir indéfiniment dissimuler pour garder intact un masque ou même une apparence. J'aime les instants de vérité, ceux où l'on se dit des choses importantes et authentiques, ceux où il est toujours question de faire la lumière et parler avec ses tripes.

Dans la nuit de samedi à dimanche, tandis que nous venions de raccompagner nos gentils hôtes du soir grâce auxquels nous avons passé une bien bonne soirée Eurovisionesque, Zolimari a eu subitement envie de parler ... envie de déballer son sac ... parler de sa mère avec laquelle il dresse le constat d'une incommunicabilité croissante et préjudiciable pour l'un et l'autre, parler de rancoeurs passées qui ne sont pas digérées, parler de cette famille qu'il contingente à l'excès mais c'est finalement sa seule façon de la gérer, parler en creux de moi et de ses rapports avec mes parents, de la maladie de l'un des siens qui pourrait bientôt être fatale, du fait qu'il a du mal avec tout un tas de choses en ce moment ... Bref, le vernis a craqué et le masque s'est fissuré.

Pour l'essentiel, j'avais deviné beaucoup de choses au gré des indices qui lui échappaient mais il est vrai qu'il est toujours plus enrichissant d'entendre les mots, de considérer le champ lexical adopté, la façon de le dire. Samedi soir, j'ai beaucoup appris à ce niveau parce que, finalement, je vis avec quelqu'un qui me reproche de ne pas trop en dire sur ce qui me hante ou m'a façonné mais il fait pareil. Et c'est pour cela que ces instants sont rares et précieux : ils donnent subrepticement une porte ouverte sur un univers qui se refermera toujours trop tôt. Il s'agit alors d'en profiter pour comprendre, lui donner l'impression d'être là pour l'aider à ne pas porter seul un fardeau qui n'en est pas forcément un, lui dire que tout cela est touchant parce que c'est le gage d'une confiance inestimable.

J'aime toujours être le réceptacle de ces confidences intimes [au sens le plus juste du mot]. Peut-être suis-je doué pour cela, en tout cas, à l'image de Zolimari, j'ai souvent été le spectateur attentif de ces voiles levés, de ces vies que l'on déboutonne ... de ces confidences de l'enfance normalement enfouies, de ces pièces discrètes d'un puzzle personnel me permettant de comprendre pourquoi une telle violence, de ces angoisses profondes qui ne furent pas prononcées souvent, de ces aveux a priori choquants qui ne firent jamais l'objet d'un jugement de ma part ... J'aime ces boutons que l'on dégrafe pour qu'apparaisse la vérité d'une femme, d'un homme ...

Samedi soir, Zolimari avait envie d'appaiser un peu ses idées et il s'est reposé sur mon épaule, cette épaule qui est à lui, qui l'attend tous les jours à chaque instant comme le gage de ce qui m'unit à lui : l'amour. Samdi soir, j'ai définitivement passé une très bonne soirée.

Tto, confesseur [en un seul mot]