Je ml'en souviens encore ...

C'était un mercredi matin, j'étais comme de coutume entrain de traîner devant cette satanée télé que ma mère ne supportait tant elle n'a jamais considéré que la télé était la baby-sitter du mercredi. C'est ainsi qu'avec mon frangin, nous rusions constamment pour arriver à regarder Goldorak, les Cosmocats et autres Dorothéeseries ... Et ce matin là, encore une fois, j'étais planté devant la télé ...

Sauf qu'il n'était pas loin de midi et forcément, quand tu as un mère institutrice qui est là le mercredi et qui attache une importance particulière aux repas ... tu imagines bien que ça va chauffer pour ton matricule si tu n'es pas lavé, habillé pour le repas [ce d'autant qu'à cette époque là, mon père rentrait déjeuner aussi et du fait de son travail, on ne pouvait se permettre de déjeuner à 14h] ...

C'est ainsi que je me souviens encore avoir entendu les admonestations, les recommandations, les conseils plus ou moins autoritaires ... bref ... on m'enjoignait de faire prestement tout ce que j'aurais déjà du faire depuis des lustres si je n'avais perdu un temps précieux devant cette étrange lucarne qui m'abrutissait chaque minute davantage ...

Comme beaucoup d'enfant au seuil de l'adolescence, je jouais alors avec les limites, flirtant avec la ligne jaune ... décidé à affirmer ainsi une personnalité en opposition certainement ... qui sait ...
Tel le Jack Bauer de l'époque, c'est quand il est déjà trop tard qu'on se rend compte qu'on aurait du et il va falloir caser un maximum de choses dans un minimum de temps pour sauver le monde, la planète et même l'univers. Sauf que moi ... je n'avais de rayon laser ni de pouvoirs spéciaux me permettant d'arrêter les secondes qui défilaient.

Ainsi ... lorsqu'iol fut trop tard, j'entrepris de me détacher de l'écran de télé et j'avais pour projet de remonter dans ma chambre, laquelle se trouvait à deux étages dans notre maison. Les escaliers étaient longs [mais ça nous permettait de les descendre sur les fesses en glissant sur la rembarde ... on aurait pu se tuer puisqu'il était assez facile finalement de basculer dans le vide ... on est con quand on est jeune] ... Détallant donc vers les escaliers, il fallait négocier un virage sévère mais que j'avais fait tellement de fois que les yeux fermés, je te faisais ça finger in the nose !!! Sauf ce jour là ...
Avec ma main gauche, j'attrape la rambarde, je me lance sur les marches décidé à les avaler trois à trois [un vrai sportif] et dans mon élan ... ma jambe droite n'a pas fait exactement ce qu'elle faisait d'habitude ... une plaque de verglas, une fuite d'huile ou que sais-je ... bref, la trajectoire n'était pas la même et mon pied est venu heurter le coin de l'armoire qui se trouvait là depuis 10 ans, en entrée d'escalier.

Ca a cogné dur ... mais dans le feu de l'action, je me suis dit que je m'étais cogné. Tout a donc continué doucement mais surement. 
J'expliquais quand même, quelques jours plus tard, que j'avais un peu mal ... Ma mère me demandait de ne pas trop me plaindre hein ... jusqu'au jour où elle nota que je boitais avec persistance. Je ne me souviens plus si nous sommes alors allés à la pharmacie ou chez le médecin ... toujours est-il que je suis allé passer une radio laquelle a conclu que j'avais une fracture du petit doigt de pied.

Forcément, j'ai rappelé à tout le monde que cela faisais 15 jours que je marchais avec un doigt de pied cassé et que ma mère me demandait de ne pas trop me plaindre ... Elle a culpabilisé.

J'avais 11 ans et des brouettes et cela s'est passé tout seul.
Pourquoi est-ce que je te raconte ça ? Parce que vendredi soir ... j'ai shooté dans l'aspirateur et c'est lui qui a gagné.
Je crois bien que je ne suis pas un géant et sans avoir des pieds d'argile, il est probable que j'ai encore un doigt de pied cassé.

Tto, casse-pied