La première fois que je vais t'expliquer ce qui s'est passé
Tu l'auras certainement noté, jeudi et vendredi dernier, j'ai été absent ...
Aujourd'hui, pour la première et la dernière fois, je vais t'expliquer les raisons du pourquoi et du comment et surtout te rassurer sur ... les raisons du silence [qui devait être le titre du billet de vendredi destiné à expliquer l'absence de jeudi].
Les raisons du silence ou les raisons de la colère, j'éhsite encore sur ce qu'il convient de dire ... Mais voila, oui ... pour la première fois de ma vie, je suis anéanti, débordé et vaguement impuissant à faire face.
Et forcément, à force de chercher de l'air, à force d'agir comme un papillon soucieux de trouver encore un peu de lumière, on s'épuise, on se gâche et patatra ... on en arrive à faire des bêtises pour soi.
Je suis donc descendu très bas, extrêmement bas au point que le spray tranquilisant de ma mère me faisant planer toute la journée ne pouvait plus rien.
Oui, la nouvelle salve d'attaques de mes collègues a marqué des points, comme la nouvelle attaque que l'on adresse à une forteresse dont les murs se lézardent et menacent vraiment de céder. A force de taper, il n'est plus question de fragiliser mais bien de détruire.
Quand on va au travail la boule au ventre, la tête tournant en essayant de trouver toutes les bonnes excuses pour ne pas y aller, c'est bien qu'on est dans la zone rouge !
Autre signe de taille : j'ai appelé ma mère jeudi matin et forcément, j'ai sombré, des larmes et des mots.
C'est à cette occasion qu'elle m'en a appris une bonne au sujet de mon cousin, ce qui va justifier que je fasse une démarche auprès de lui ... et puis, au détour de la question "et toi comment ça va ?", j'ai répondu avec toute l'émotion me submergeant :
"Bah moi, ça va pas. Je vis très très mal mon boulot. Je suis harcelé, je ne sais plus où j'en suis. J'ai l'impression d'être si mauvais alors que dans le fond, je sais que ce n'est pas le cas mais le rouleau compresseur des reproches, des mesquineries et des trahisons est trop difficile à affronter. Je ne vis plus que pour être en week-end, je me déçois tous les jours d'être si nul pour Zolimari et je n'arrive plus à trouver le moindre plaisir dans rien."
Epongeant mon chagrin dans une serviette en papier en redoutant qu'on pénètre dans mon bureau à ce moment là, j'ai entendu que je serai toujours le fils dont elle est fière. Qu'il ne faut pas se faire du mal à ce point et que les gens vicieux et harcelleurs sont les plus malades même s'ils ont l'impression de gagner au début.
Une collègue dans le couloir étant en vacances depuis 15 jours, m'a vu mercredi et est venue me dire : "Tu sais Tto, je trouve que tu as une tête inquiétante. Il y a 15 jours, tu n'avais pas l'air aussi mal. Dis toi bien une chose : le problème, ce n'est pas toi, c'est elle. Alors de grâce, ne te mine pas : ne la laisse pas gagner et reste persuadé que tu es un garçon parfaitement capable." Je l'ai remerciée et lui ai expliqué qu'il était difficile de prendre du recul quand on est sujet à un réquisitoire permanent, tous les jours et à toutes occasions ... pour un bureau pas rangé, pour des post-its pas mis dans un dossier lesquels sont censés démontrer que je l'ai lu [un peu comme au permis de conduire où il faut bien regarder le rétroviseur pour que l'inspecteur comprenne qu'on contrôle bien] ... Bref, voila mon quotidien : composer avec la paranoïa de deux femmes qui jouent un tandem diabolique destiné à casser toute singularité et humilier au maximum pour asseoir un ascendant.
Tel est le douloureux contexte qui m'a empêché de t'écrire lecteur, deux jours de suite, de façon aussi inhabituelle. J'ai pris les décisions qui s'imposent vendredi, le problème est clairement posé : je prends les risques nécessaires à ce que je ne sombre pas définitivement, j'ai entamé un bras de fer qui donnera ce qu'il donnera.
Tto, abîmé