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une vie de tto
10 février 2012

Bien heureux ceux qui en ont ... de la mémoire

Peut-être ne le sais-tu pas ... j'ai une vraie passion pour l'Histoire au point d'être assez incollable sur la succession des différents rois et monarques s'étant succédés [bon, faudra quand même que je révise un peu ...] ainsi que ce que constitue cette matière noble qu'est ... l'Histoire !
Et pourquoi j'aime tant l'Histoire ? Déjà, parce que j'adore qu'on me raconte des histoires [pas dans le sens de m'emberlificoter dans des sornettes historie de me prendre pour un crétin, ce que certains se furent crus à être autorisé à faire ... mal leur en a pris, ils ont disparu du spectre et c'est très bien ainsi] et surtout, parce que l'Histoire ne me déçoit jamais. Et aujourd'hui, je vais t'en administrer la vibrante et fière preuve.

Tu as entendu parler de la dernière trouvaille du Ministre de l'Intérieur pour récupérer la main sur le tempo politique du moment qui échappait totalement à la majorité présidentielle encore en place. Confondre culture et civilsation, valeurs et civilisation ... bref, tous consternants que soient de tels propos recognitifs de bien des choses, je tiens néanmoins à y revenir en ayant croisé il y a quelques jours la meilleure des réponses que l'on puisse opposer aux caciques UMP qui hurlent à la méprise et à l'exploitation d'une controverse qui a été sciemment orchestrée. Je conviens du fait qu'assimler les propos d'un ministre aussi navrant que Claude Guéant avec le nazisme ne témoigne pas de la plus vraisemblable finesse. Et c'est bien dommage d'ailleurs que l'argument nazi soit venu sur la table puisqu'il y en avait un autre ... que l'on puise dans l'Histoire, justement.

Il faut, pour cela, remonter au 25 juillet 1885 dernier [si je puis dire] ... Chrisbi venait encore de faire une jouréne harassante de 2h34 minutes de travail effectif [pauvre bichon mais attention, c'est comme ça que Mémé arrivera à tous nous enterrer] mais surtout Jules Ferry et Geroges Clémenceau débattaient à la Chambre des Députés [aujourd'hui Assemblée Nationale]. Les deux monstres sacrés de la IIIè République d'alors étaient aux prises sur une question de ... civilisation.

Jules_Ferry« Vous nous citez toujours comme exemple, comme type de la politique coloniale que vous aimez et que vous rêvez, l’expédition de M. de Brazza. C’est très bien, messieurs, je sais parfaitement que M. de Brazza a pu jusqu’à présent accomplir son oeuvre civilisatrice sans recourir à la force ; c’est un apôtre ; il paie de sa personne, il marche vers un but placé très haut et très loin ; il a conquis sur ces populations de l’Afrique équatoriale une influence personnelle à nulle autre pareille ; mais qui peut dire qu’un jour, dans les établissements qu’il a formés, qui viennent d’être consacrés par l’aréopage européen et qui sont désormais le domaine de la France, qui peut dire qu’à un moment donné les populations noires, parfois corrompues, perverties par des aventuriers, par d’autres voyageurs, par d’autres explorateurs moins scrupuleux, moins paternels, moins épris des moyens de persuasion que notre illustre Brazza, qui peut dire qu’à un moment donné les populations n’attaqueront pas nos établissements ? Que ferez-v alors ? Vous ferez ce que font tous les peuples civilisés et vous n’en serez pas moins civilisés pour cela ; vous résisterez par la force et vous serez contraints d’imposer, pour votre sécurité, votre protectorat à ces peuplades rebelles. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures ... (Rumeurs sur plusieurs bancs à l’extrême gauche.)

« Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures... (Marques d’approbation sur les mêmes bancs à gauche, nouvelles interruptions à l’extrême gauche et à droite.) La vraie question, messieurs, la question qu’il faut poser, et poser dans des termes clairs, c’est celle-ci : est-ce que le recueillement qui s’impose aux nations éprouvées par de grands malheurs doit se résoudre en abdication ? [...] Est-ce que, absorbés par la contemplation de cette blessure qui saignera toujours, ils laisseront tout faire autour d’eux ; est-ce qu’ils laisseront aller les choses ; est-ce qu’ils laisseront d’autres que nous s’établir en Tunisie, d’autres que nous faire la police à l’embouchure du fleuve Rouge et accomplir les clauses du traité de 1874, que nous nous sommes engagés à faire respecter dans l’intérêt des nations européennes ? Est-ce qu’ils laisseront d’autres se disputer les régions de l’ Afrique équatoriale ? Laisseront-ils aussi régler par d’autres les affaires égyptiennes qui, par tant de côtés, sont des affaires vraiment françaises ? (Vifs applaudissements à gauche et au centre. Interruptions.)

« Je dis que la politique coloniale de la France, que la politique d’expansion coloniale, celle qui nous a fait aller, sous l’Empire, à Saïgon, en Cochinchine, celle qui nous a conduits en Tunisie, celle qui nous a amenés à Madagascar, je dis que cette politique d’expansion coloniale s’est inspirée d’une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention : à savoir qu’une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface des mers, d’abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement. (" Très bien ! Très bien ! " Nombreux applaudissements à gauche et au centre. ) L’ignorez-vous, messieurs ? Regardez la carte du monde... et dites-moi si ces étapes de l’Indochine, de Madagascar , de la Tunisie ne sont pas des étapes nécessaires pour la sécurité de notre navigation ? (Nouvelles marques d’assentiment à gauche et au centre.)[...]

« Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, en se tenant à l’écart de toutes les combinaisons européennes, en regardant comme un piège, comme une aventure toute expansion vers l’Afrique ou vers l’Orient, vivre de cette sorte, pour une grande nation, croyez-le bien, c’est abdiquer, et dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire ; c’est descendre du premier rang au troisième et au quatrième. (Nouvelles interruptions sur les mêmes bancs. " Très bien ! Très bien ! " au centre.)"

A cela ... Geroges Clémenceau répondit le 30 juillet suivant ...

georges_cl_menceau« Je passe maintenant à la critique de votre politique de conquêtes au point de vue humanitaire. [...]" Nous avons des droits sur les races inférieures. " Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation. Voilà, en propres termes, la thèse de M. Ferry et l’on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C’est bientôt dit. Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! [...]

Je ne veux pas juger au fond la thèse qui a été apportée ici et qui n’est autre chose que la proclamation de la puissance de la force sur le Droit. L’histoire de France depuis la Révolution est une vivante protestation contre cette unique prétention. C’est le génie même de la race française que d’avoir généralisé la théorie du droit et de la justice, d’avoir compris que le problème de la civilisation était d’éliminer la violence des rapports des hommes entre eux dans une même société et de tendre à éliminer la violence, pour un avenir que nous ne connaissons pas, des rapports des nations entre elles. [...] Regardez l’histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l’oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l’histoire de votre civilisation ! [...] Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l’Européen apporte avec lui : de l’alcool, de l’opium qu’il répand, qu’il impose s’il lui plaît. Et c’est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l’homme !

Je ne comprends pas que nous n’ayons pas été unanimes ici à nous lever d’un seul bond pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n’y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu’à mesure que nous nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites de la justice et du droit. Mais n’essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s’approprier l’homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit, c’en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence, l’hypocrisie. »

Tout est dit ... et depuis longtemps.

Tto, qui trouve qu'on a toujours intérêt à revenir aux vieux grimoires plein de bon sens ...

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Commentaires
W
Ahahaaaaaaaah TM!!! Vous m'avez pris ma réplique! Pirate!
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T
Oui, il est toujours très intéressant de se pencher sur son passé pour mieux analyser notre présent et de s'apercevoir que les débats d'hier font encore le ramdam aujourd'hui. <br /> <br /> Non non, rien n'a changé, tout a continué, hey hey !
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