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une vie de tto
13 janvier 2012

L'art difficile de prendre un peu de recul

une libéSoyons clair : je devais te parler de tout autre chose ce matin mais depuis la fin de l'après-midi d'hier, les tweets et les dépêches s'accumulant [et ce n'est rien comparé à ce matin], je me suis senti une obligation de revenir, à mon tour et quitte à ce que cela ne serve à rien, sur la fameuse une de Libération d'aujourd'hui laquelle titre sur l'opportune décision que Naboléon aurait prise de se ranger à la consécration de l'union de couples homosexuels.

C'est chronique : ça le prend tous les cinq ans pour des raisons qui m'échappent mais sur lesquelles je promets d'essayer de m'interroger, persuadé qu'il y a forcément une raison ...

Que les choses soient claires : après les prochaines élections présidentielles, il est acquis que le "mariage homosexuel" [si tant est que la formule soit acceptable] sera consacré et contribuera à une normalisation souhaitable sinon inéluctable [n'en déplaise à Christine Boutin malgré son alibi gay et Christian Vanneste dont je rêve que l'ond ébusque bientôt l'un des amants]. Inéluctable en effet puisque même par delà l'Atlantique, la question sera aussi au centre de la campagne présidentielle. 2012, année des tarlouzes ...

Or donc ... Libération revient le bruit de couloir insistant depuis plusieurs jours selon lequel le futur probable candidat Naboléon réfléchirait à revenir à une promesse de campagne de 2007 [mais laquelle ??? Il y en a tant ...] pour cimenter davantage un électorat décimé par la déception du bonheur promis et qui n'est pas venu, un électorat anéanti d'avoir cru au quinquennat de réformes qui devaient changer le pays plutôt que complaire aux amis. A l'appui de cette une, une carricature ... un gay [à droite]. Et c'est bien là le problème ... peut-on caricaturer un gay ? A l'évidence, ce matin, il y a à craindre qu'il faille répondre négativement à cette question.

Que ne lit-on pas ... "Tous les gays ne sont pas des gros bears en jock blanc avec casquette en cuir et lunettes", Christophe Beaugrand détaille en 140 signes que "Une de : NON, les ne portent pas tous des casquettes en cuir et des grosses barbes! VillagePeople c'était 1978 ?" sans avoir un minimum de recul, Laurent Ruquier y va de son " Non, Nicolas , pas ce dessin si caricatural à la une de libé ! Ce n est pas comme ça qu 'on fait avancer les mentalités !" à l'adresse de Nicolas Demorand [rédacteur en chef de Libé] ... Bref, c'est le festival des outré(e)s au motif qu'on aurait résumé un homosexuel à une figure un peu surannée de mec bedonnant, un peu cuir et queer. Quelle horreur en effet ... et surtout quel décalage avec les beaux discours que l'on entendait de ceux qui s'insurgeaient contre l'absolue nécessité de pouvoir caricaturer à la une de Charlie Hebdo le prophète musulman il y a quelques années, les mêmes qui hurlaient au fascisme et aux atteintes à la démocratie.

Il est certain que la caricature est plus digeste et agréable quand elle touche le voisin plutôt que soi-même ... La satire qu'emporte l'exercice est plus douce lorsqu'elle ne touche pas à une remise en cause de soi ... Que ne lirait-on pas, aujourd'hui, si Michel Serrault jouait les Zaza Napoli pour la première fois ? Certes, on m'objectera que cette figure est datée et plus représentative des années 70 ... Pourtant, je connais des homosexuels qui, à l'époque, ont pu mal vivre le fait d'être assimilés à des folles furieuses s'éventant avec des plumes immenses et vivant dans des salons rococo avec des statues grecques à chaque coin.
La caricature, pour peu qu'elle touche juste [ce qui me semble être le cas ici, à en juger par les réactions si nombreuses], est saine parce qu'elle aide à prendre du recul et, effectivement, elle est un raccourci. Un peu d'humour et d'auto-dérision ne nuisent jamais sauf à s'engoncer dans une préciosité rendant toute critique impossible et c'est précisément là qu'on touche du doigt un communautarisme intégriste, sectaire à toute remise en cause et/ou lucidité. Parce que bon, nonobstant ce que je lis, le spécimen en une de Libération existe encore en 2012 et je ne pense pas utile ni nécessaire de préciser où et quand on peut en rencontrer. Et puis c'est vrai que les stéréotypes véhiculés par diverses productions audiovisuelles sont moins dérangeantes que le dessin dont s'agit ...

La une de Libération est-elle grave ? Non. La une de Libération est-elle discriminatoire ? Non. La une de Libération est-elle un problème ? Non ... Pas plus qu'il y a six mois quand Libé publiait déjà un dessin comparable [avec les mêmes personnages} à l'occasion de la gay-pride. Mais la une de Libération est un brin satirique par exagération et parodie ... comme Gérard Oury l'avait fait avec "Les aventures de Rabbi Jacob" en son temps. Hélas, les temps changent et le second degré est à géométrie variable selon les délires incantatoires de circonstance qui font écran de fumée alors que le problème est ailleurs.

Tto, qui devait te parler d'autre chose mais là ... navré

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Commentaires
N
C'est nouveau l’icône à côté de l'adresse du blog?
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P
Certains culs pincés manquent cruellement d'humour. La parodie, par essence caricaturale, n'est point réductrice. Qu'auraient-ils dit si au lieu d'un bear bardé de cuir et d'un jock strap, une folle en talon aiguille se pavanait une plume dans le derche sur la une de Libé ?
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T
> Christophe : Pauvre fille ...
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C
Tout à fait d'accord. Il faut s'avoir accepter l'autodérision et la caricature pour soi même. Mais il est vrai que le politiquement correct est de plus en plus de mise. Après il ne faut pas oublier qu'il y a 6 mois au moment de la Gaypride à la une de Libé il y avait presque la même caricature avec Sarko dans les bras d'un gay. Et là ces mêmes personnes crient aux loups, rigolaient.<br /> <br /> Sinon je te verrai bien dans cette tenue pour le prochain Mardi Gras. lol
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