J'ignore si l'on trouve vraiment l'amour dans le pré, mais tous les étés depuis six ans, M6 a fait passer les envies estivales d'Intervilles pour les remplacer par son "Tournez Manège" bucolique ... Et tous les ans, je me fends d'un billet aussi inutile que nécessaire sur la cuvée de l'année ...

Cette année encore, tu vas y avoir droit parce que les specimens sont d'une ampleur telle que je ne me sens pas de résister ... Mais plutôt que de te brosser le portrait de chacun des participants, un peu de hauteur ne nous fera pas trop de mal ... ne serait-ce que pour susciter quelques vocations pour les années à venir [l'émission a été signée pour la saison 2013] ...

Pour être un bon candidat de l'Amour est dans le pré, il faut réunir plusieurs qualités indispensables, sinon tu ne passeras pas le casting.

Déjà, faut pas être gay ... même si les informations dont je dispose me permettent de penser que certains sont déjà allé voir de l'autre côté. Il semblerait que la levée de boucliers de plus en plus forte d'année en année parvienne quand même un jour à faire débarquer un agriculteur sensiblement sensible et permette enfin de signaler à la France entière que, oui, chez les agros y a des homos [si si, je t'assure ... et je sais de quoi je parle].

Ensuite, il faut être un(e) cabossé(e) de la vie sentimental, un(e) accidenté(e) de la love-story, un(e) blessé(e) de l'amourette ... Cette année, on a eu notre lot ! Entre Jean-Michel qui a eu une enfance difficile et est allé d'échecs en échecs au point d'enlasser ses vaches dont il se sent plus proche, Alexis qui ne se remet pas d'une rupture insupportable et est allé s'enfermer sur une île, Philippe qui cuve un divorce avec enfant comme Raymond ... oui oui oui, tu te dois forcément d'être un désespéré de la femme, un gars qui est résolu à ne plus rien attendre qu'une main droite quand les hormones se font trop pressantes ou se dégourdir en draguant la serveuse du bistrot du coin que tu connais si bien ... depuis 25 ans puisque vous étiez à l'école ensemble.

Evidemment, comme tu vis seul(e), tu es d'une flexibilité proche du titane dans ton organisation et, nécessairement, c'est un peu compliqué de faire de la place à quelqu'un. Qu'on déplace un truc chez toi est inenvisageable, tu sélectionneras même les lettres d'amour en fonction de la propension de leur auteur à ne pas remettre en cause la moindre parcelle de déco [un peu has-been] chez toi. En plus, c'est pas parce que tu vas recevoir deux prétendant(e)s que tu vas changer tes habitudes et le petit match de foot du dimanche matin ne sera clairement pas sacrifié [spéciale dédicace à Benjamin et Mathieu].

Tu es donc célibataire mais tu es aussi un peu casse-couilles parce que tu n'arrives pas à refaire ta vie. Et forcément, tu es un peu la risée de ton entourage qui essaye de te caser dans tous les sens et c'est pratiquement devenu un jeu que de dynamiter toute entreprise d'entremetage te concernant. Cela t'amène à être vaguement rustre, passablement bourré dans un dancing [hein Didier ?] défraichi, polarisé sur un micro-détail qui ne serait qu'un grain de sable pour tout le monde mais qui pour toi est carrément une dune saharienne et forcément ... timide. Bah oui, tu nous la joues "j'ai besoin de me protéger tellement que je n'ose plus aller tenter ma chance".

Ah oui ... tu dois clairement être timide ! Et puis aussi vouloir une chose et son contraire : quelqu'un de volontaire mais qui fait tout ce que tu veux, quelqu'un de séduisant mais que pour toi parce que tu es jaloux(se), quelqu'un de joyeux(se) mais pas trop bruyant, quelqu'un qui parle beaucoup mais ne te casse pas les pieds ... Tu veux aussi faire plaisir à tout le monde et finalement tu ne fais plaisir à personne, à commencer par toi !

Petits détails aussi qui ont leur importance cruciale : tu rougis quand on fait une allusion au sujet de tes organes génitaux [qui sont une espèce de truc auxquels tu ne penses évidemment jamais], tes parents sont assez présents, tu as des habitudes qu'un film avec Benoît Poolevoorde n'aurait même pas osé carricaturé, tu invites 150 personnes le premier soir où tu reçois tes deux invité(e)s histoire de les effrayer, tu ne t'isoles jamais avec l'un(e) des deux pour regretter par la suite de ne pas avoir eu la possibilité de le faire [alors que c'est toi qui gère ton planning quand même], tu fais le susceptible quand on t'explique que tu es un brin égoïste et ton comportement d'enfant gâté démontre un peu qu'il n'y a pas de place dans ta vie pour quelqu'un, tu proposes de jouer au Trouduc en t'étonnant de la gène palpable, etc.

Surtout : il faut que tu nous bassines à longueur de temps à nous dire que tu as beaucoup d'humour ... tu sais, cet humour qui te permet de jouer le bon copain/la bonne copine pour éviter tout sujet d'engagement ou toute séduction. Il faut enfin que tu nous expliques que par le passé ... bah ... t'as morflé quand même ce qui va t'autoriser à réclamer d'être materné, bichonné voire être totalement exigeant à la limite de l'égocentrisme narcissisant tendance psychiatriquement étudiable. Que tu aies 25, 47 ou 62 ans ... on s'en fout : tu es forcément un atypique typique ... et ça, cette extasiée de Karine Lemarchand, elle adore ! Et moi aussi ...

Tto, afficionadorateur