Quand on part en expédition dans des contrées à peine civilisées comme cela nous arrive finalement souvent, Zolimari se débrouille pour trouver des hébergements chez l'habitant. C'est plus sympa, plus convivial, moins aseptisé que dans un grand hôtel [oui, en dessous de 5 étoiles, c'est trop craignos] ... bref c'est mieux. On a toujours réussi à trouver des B&B sympas, pas trop chers, avec des gens adorables qui ont mille attentions ... The pied quoi !

Sauf que ... l'exercie imposé du B&B, c'est le matin ... de faire la causette. Et comme généralement on n'est pas les seuls à occuper une chambre, il faut tenir le crachoir des autres touristes qui viennent de n'importe où. Des hollandaises, des américains qui ne sont jamais sortis de leurs bunkers, des anglais so chocking de voir qu'il existe autre chose qu'eux sur terre ... bref on voit de tout.

Dans le premier B&B que nous fîmes, à Inverness, nous sommes tombés sur des gens charmants. Le monsieur était certes un peu speed [environ 14 informations la seconde avec un accent écossais pas piqué des hannetons, c'est dur] mais la dame super sympa et en arrivant, on nous a accueilli avec un gâteau fait maison. A la framboise !!! Rien de tel pour faire fondre mon Zolimari ... La chambre était très sympa, des fleurs sur les oreillers, pas trop loin du centre-ville ... bref, top bien !

Sauf que ... Zolimari s'est illustré !
Un matin [le troisième matin de mémoire], nous arrivons dans la salle de petit-déj [qui n'a de petit que le nom parce que tous les matins du black pudding, un oeuf, deux tranches de bacon, deux saucisses, une tomate et des champignons en plus du chocolat chaud et des yaourts ... comment te dire que c'est mon déjeuner normalement] ... et là, trois personnes déjà attablées dont deux venant de Glasgow [capitale économique de l'Ecosse].

Moi le matin, je ne parle pas ou très peu ... Zolimari me le dit suffisamment mais c'est comme ça. Alors tu imagines bien que je ne suis pas tout à fait équipé pour faire la parlotte avec des gens que je ne verrai plus la demi-heure suivante et qui, en plus, m'obligent à parler en english dès le saut du lit. Autrement dit : je suis en service minimum balançant un "Hummm" ou un "Yes" de temps en temps pour faire croire que j'ai compris et que je suis ce que l'on me raconte. C'est facile.

Mais voila, Zolimari, lui, il fait la conversation. Et forcément, ce matin là, il s'est planté !!!
Après les "Hello", les "how are you" et les "where do you come from" d'usage, il faut forcément trouver un truc de plus ... la météo, c'est ringard. Alors ... mon Zolimari a tenté à un free-style de tous les diables.
Ayant expliqué que nous venions d'arriver en Écosse et que nous prévoyions de nous balader un peu partout [3.000 km, je te le rappelle ...], il trouva un assentiment général auprès de ses interlocuteurs matinaux, eux aussi ravis de leur pays, de voir qu'on y était heureux. La fierté ...

Oui mais voila, Zolimari s'est enflammé ... Mis en confiance comme une Miss qui a déjà réussi à descendre les 5 premières marches de l'escalier avec une robe dont elle pensait qu'elle la ferait se gaufrer, il s'est dit que les 10 marches suivantes ne poseraient aucun problème. Sa tasse de thé à la main, il entreprend sa voisine tandis que la maîtresse de maison revient dans la salle pour nous donner notre assiette de tout ce que l'on allait manger ...

Et là, l'instant fatal est arrivé, la terrible gaffe, l'abominable erreur, la sortie de route façon Grace Kelly ... appelle-ça comme tu veux : il a fait fort !
S'adressant à sa voisine au sujet de l'Écosse, il lui demande :
"And so, do you like this part of England ?"
[Je te traduis : Et donc, vous aimez cette partie de l'Angleterre ?"]

Plus fort qu'un tsunami japonais, tu n'imagines pas la torpeur qui a envahi la pièce, le malaise immense, le "ooooooooooooooh" des écossais présents ... Bah oui, demander si on aime l'Écosse comme étant une partie de l'Angleterre c'est un peu comme demander à un corse s'il est content d'être sur le continent ou à un normand s'il se plaît à être breton ... C'est le clash total, l'Hiroshima de la diplomatie géostratégique ...

Cela a fait bien rire tout le monde et a provoqué quelques rougeurs sur la tête de Zolimari qui a plongé dans son assiette ... Il est trop fort !

Tto, hilare