La vague à l'âme ne m'emportera pas
« Même quand tu ne fais rien, tu es formidable. Je crois que tu es la chose la plus importante dans ma vie … comme jamais il n’y en eût d’autre ».
Le wikende s’est achevé ainsi … moi en pleine dérive aveugle et incontrôlée, mortifié de peur et de vulnérabilité, lui m’enlassant chaudement et tentant de me rassurer comme il pouvait.
Depuis cinq jours, je cours un marathon diabolique jalonné de haies toutes plus insurpassables les unes que les autres.
Il y eut le déjeuner de samedi dont je t’avais parlé … Que veux-tu, je suis bouleversé par cet homme de 87 ans …
Il y a une saloperie de microbe qui me met par terre, transforme mon nez en Etna qu’aucun Haroun Tazieff ne viendrait examiner …
Il y a cette fatigue terrible qui me dégomme …
Et puis, il y a cette World Company … elle me broie chaque jour davantage, elle me retourne toujours un peu plus, m’enfile à sec sans ménagements et me fait avaler des couleuvres grandes comme des anacondas … oui, elle me tue tant les attaques sont sournoises, putrides et répugnantes. Ce n’est pas nouveau mais l’intensité de tout cela atteint un tel niveau si incroyable que si je te racontais le quart de la moitié, tu ne me croirais déjà pas. J’ai coutume de dire en ce moment que mes journées seraient plus reposantes si on m’enfermait dans un tambour de machine à laver pendant 10 heures en la faisant tourner en programme essorage. Autant j’exagère souvent, là … pas tant que ça.
La décision est prise depuis plusieurs semaines : il n’est de si bonne compagnie qui ne se quitte.
Sauf qu’en attendant, je suis laminé, devasté.
Je voulais que l’anniversaire de ce dont je t’ai parlé hier soit autrement, que l’on fasse quelque chose de particulier, que j’aille chercher quelques fleurs, que je trouve l’idée géniale d’une destination surprenante … Mais voila, je n’ai pas eu le temps et je me suis déçu.
Moi qui suis souvent le recours, la béquille, l’appui, hier soir j’ai eu le vertige en prenant conscience de ma vulnérabilité si inhabituelle, celle qui épouvante parce que l’on sait parfaitement ce qu’elle trimbale. Hier soir, Zolimari m’a demandé ce qu’il pouvait faire. Le pauvre est totalement désarmé, assez impuissant et commence à s’inquiéter de me voir souffrir ainsi. Avec honnêteté, je l’ai regardé dans les yeux tandis que les miens étaient rouges et je lui ai dit : « Protège-moi ».
La déferlante infernale est entrain de s’éloigner, je le sais. Ce matin, j’ai écouté en boucle ce morceau qui sera joué lorsque je mourrais. C’est toujours comme ça quand j’entends ces notes tragiques et funèbres, elles sont paradoxalement le signe indubitable de mon retour et comme ce qui en me tue pas me rend plus fort, je peux te dire que ça va saigner pour les chacals qui rodaient devant la proie qu’ils m’ont cru devoir être. Funeste erreur ...
Tto, qui plie mais no rompt jamais … un peu comme le bambou