La grande parade, et fière de l'être
Je préfère te l'annoncer ... Non, tu ne me verras pas cette année encore sur un char, avec des tongs, un string affriolant so pink, un boa qui se déplume à force d'être secoué dans tous les sens, mon éternel tshirt "j'ose le rose" avec sa sublime inscirption "Vilain garçon", un bronzage défiant toute concurrence, des bagouzes plus lourde qu'un sac à main de Bernadette Chirac qui ne me permettrait jamais de passer un portic d'aéroport ... Ne rêve pas [ou cauchemarde selon le cas] ...
Toutefois, ce n'est pas parce que je n'y serai pas que je ne m'associe pas à la cause [un peu récupérée depuis ... tu me le concèderas] justifiant d'un tel rassemblement, une telle foule bigarée, exultant jusqu'à l'extrême, assez faussement provoquante et parfois un peu vulgaire [mais n'est ce pas là le propre d'un exutoire que d'être excessif ... ladite excessivité n'autorisant pas à imaginer que l'on joue dans la finesse ...]. Oui, je m'associe à la cause sans réserve ni retenue depuis longtemps et chaque année, je souligne l'événement.
Bah oui ... je suis concerné par les difficultés éprouvées par les uns ou les autres à vivre convenablement, normalement dès lors qu'une différence dans leurs pratiques sexuelles devrait, selon certains, les marginaliser. Je réfute d'avoir à m'excuser, je regrette de ne pouvoir accepter la vision simpliste d'une normalité majoritaire qui abrite bien des réalités que l'on ne peut avouer, je condamne les propos tendant à réduire à des hommes [quand ce ne sont pas des filles ratées] de seconde classe ou des sous-hommes [j'en parlais ici].
Dieu merci, les mentalités évoluent et le regard du coin de l'oeil semblant dire "Beuuuurk" ou "Ahhhhh, ils sont comme ça ..." a tendance à se faire moins insistant. Oui ... il est plus aisé de vivre avec un garçon quand on a soi-même une paire de couilles. Il n'est plus si exceptionnel de croiser deux femmes la main dans la main avec une poussette. J'ai la chance d'avoir un père et une mère avec lesquels tout cela procède de la non question. Je sais bien que c'est une chance qui n'est donnée à tout le monde et c'est pour cela que défiler samedi dans Paris est une soupape contre cette pression insupportable d'avoir soit à être renié, soit faire semblant d'être celui ou celle qu'il faudrait être. Oui, lecteur ... ne te méprends pas ... je connais ma chance et je sais que pour certains, tout cela est une souffrance atroce. Ne t'inquiète pas ... tu n'imagines pas à quel point je le sais ...
Je sais aussi qu'il est des endroits où il est moins facile de se promener dans la rue avec un tshirt rose, que pour certains casser du pédé est un défouloir morbide, qu'il arrive de perdre ses parents alors qu'ils ne sont pas décédés tout simplement parce que la négation est plus confortable que d'avoir à assumer son rôle de parent ... Oui, je sais tout cela et tout le monde sait aussi que le suicide est la première cause de mortalité chez les jeunes homosexuel(le)s. Le Refuge accomplit d'ailleurs un travail fantastique à cet égard ...
Malgré des exemples que l'on connait tous, les choses évoluent. La visibilité est de moins en moins prioritaire. Le temps de la revendication cède la place à l'indifférence paisible, meilleur gage que tout se passe pour le mieux. Pour preuve, les discussions assumées se multiplient, les personnages de fiction fleurissent et les regards indiffèrent tels ou telles. Regarde ... France Inter programmera tous les samedis [à l'exeption du 3 juillet ... merci pour lui, pfff] une émission ayant pour objet de parler d'homosexualité dont le titre est "Je t'aime pareil" ... Yagg en parle ici. Sacrée (r)évolution dans la maison ronde ...
Tto, fier