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une vie de tto
30 mai 2010

La première fois que ... j'ai fait mon armée

1ERE_FOISOui ... la première et la seule comme beaucoup de garçons de mon âge qui devaient sacrifier à l'exercice ...

Depuis que j'avais 18 ans, ça m'angoissait un peu cette histoire ... 1 an à sacrifier sous les drapeaux. Non pas que je ne sois pas patriote, mais bon ... honnêtement, j'avais autre chose à faire, j'étais d'une utilité réduite pour la grande muette et surtout ... pas du tout compatible avec l'idée de soumission imposée par la discipline militaire. Ajoute à cela le fait que moi et les militaires, ça ne passe pas crème. Et puis n'oublie pas non plus que j'ai cauchemardé pendant des années, petit, en me disant que j'allais mourir sur un champ de bataille [oui, la guerre m'a toujours terrifié au point que je déteste les films de ... guerre]. Bref, tu imagines la gueule que j'ai faite quand j'ai reçu un petit courrier m'intimant l'ordre de me rendre à Blois pour faire mes trois jours ... Là, pas question de demander un report ou une dispense ... C'était un mardi.

Le matin, Gare d'Austerlitz [je déteste cette gare] ... je tirais une tronche de cent pieds de longs [et potentiellement plats, ce qui permettrait une reforme]. Bref, j'arrive vers 8h30 à Blois ... Direction à la caserne et sur le chemin, tu imagines bien que je ne suis pas seul à emprunter le même chemin ... et donc je commence à envisager de me retrouver avec les garçons que je côtoie. Ah oui ... je ne t'ai pas livré un détail important : il n'était pas envisageable une seule seconde de faire mon service, ça tu l'avais compris mais pas non plus envisageable de rester dormir à Blois ! Le challenge était le suivant : partir le plus tôt possible !!! C'était d'autant plus nécessaire que je n'avais dit à personne où j'allais [de peur qu'on me foute la pression ou qu'on tente de me dissuader de faire ce que j'avais prévu de faire].

Évidemment, première étape : le test de lecture et de cerveau. Et c'est là que paradoxalement je vais t'expliquer que le service militaire était bien nécessaire ... En effet, les questions posées sont basico-basiques à la limite du 1+1 et pourtant, sur la trentaine de garçon vigoureux assis, il y en a qui ne sont pas en capacité de répondre, qui bloquent totalement. C'est vertigineux et cela relativise tout d'un coup. Pour autant, cela ne me fait pas varier de ma démarche consistant à m'exclure de cette obligation civique. Mais je reconnais que l'armée présentait ainsi un creuset nécessaire pour donner à tous les moyens de socialiser, surtout à ces garçons qui n'avaient pas été à l'école, ne savaient pas s'exprimer ... Bon, quand tu regardais l'officier chargé de nous faire compléter son questionnaire, tu n'avais carrément pas envie de rester non plus !! Moi les grandes gueules qui passent leurs nerfs à raison de leur position de force, je n'ai jamais supporté.

C'est à cet instant précis que, sur mon question, j'ai trouvé la détermination ultime de mettre en place mon stratagème consistant à expliquer que j'avais des tonnes de problèmes psycho [refus de l'autorité ai-je mentionné ... ce qui n'est pas spécialement mensonger] et que j'étais sourd de l'oreille gauche. Je crois avoir mis autre chose mais cela devait être tellement générique que cela ne sera d'aucune efficacité pour la suite ...

Voila donc une heure que je suis dans cette prison obligatoire à raison de mon sexe et de mon âge, et je n'en peux déjà plus. En plus, l'officier a vraiment une tête de con ... typiquement le genre de mec que je déteste dans toute sa splendeur ! A côté de moi, le mec est terrorisé ... Il est largué, ne comprend rien, n'ose pas demander. A la place de la signature, il a mis une croix ... Sa prostration attire l'attention d'un officier venu en renfort qui vient lui demander d'où il vient. Dans un français très approximatif, le jeune homme lui expliqua qu'il vivait avec ses parents dans une ferme très isolée en pleine Beauce, qu'il ne comprenait rien, qu'il était fait pour travailler la terre avec ses bêtes. Un monde différent. Moins crétin, l'officier le mit à part, l'orienta dans un circuit probablement plus approprié à sa situation. En le regardant s'éloigner, je n'ai pas regretté de n'avoir pas choisi la stratégie de jouer le débile ... par respect justement [non pas qu'il soit débile, mais j'ai toujours pensé qu'il y avait une limite à ne pas franchir].

Fini ... on ramasse les questionnaires. L'officier prend le temps de les classer par ordre alphabétique ... ce qui prend évidemment quelques minutes. Pendant ce temps, comme je suis à côté de la fenêtre, je regarde ce qui se passe dehors. Je vois de jeunes appelés sortir d'un hangar inondé de soleil [oui il faisait bien beau ce jour là] des tonnes de matériels, d'autres ne branlent rien ... attendant que s'écoule une journée encore à ne pas faire grand chose sinon attendre la fin de cette galère.

Enfin, il a fini. Il prend la parole avec son phrasé si mélodieux, empreint d'une sensibilité et d'une tendresse qui te ferait tomber amoureux d'un tank tellement plus reposant ...
" Z'allez maintenant aller faire des examens. Alors, v'vous mettez en rang et un par un vous avancez. Pas de bousculade hein. Dedans, vous retirez tout sauf vot' slip. Prendrez un gobelet pour pisser dedans et vous suivrez les instructions. Entendu ? Des questions ? Allez, on commence par cette rangée [la mienne, évidemment] ... Toi et toi derrière ... oui oui, allez on bouge, vous avancez !!!"

Ainsi donc... on passe dans une autre pièce, en rang. Pas un bruit ... Que du bonheur en perspective ... On prend un petit gobelet, on se déshabille ...

To be continued

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Commentaires
M
Ben moi je n'ai même pas fait 5mn !
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O
La suite : Apte ou pas Apte ? J'avais à l'époque établi une stratégie similaire et maintenant je suis intarissable sur le sujet service militaire !
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J
On oublie souvent de quelles résistances, allant parfois jusqu'à des mutilations volontaires, s'est accompagnée, durant tout le XIXème siècle, et même encore marginalement au XXème, la mise en place de la conscription (loi Jourdan, 1798, plusieurs fois modifiée pour aboutir au service pour tous en 1905 [fin du tirage au sort]).
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K
Aaaaah que je suis content de ne jamais avoir à subir cette horreur! ^^ <br /> Déjà, la JAPD, ça m'a soulé à un point... En plus, finir à perpettes les oies, pas dans la ville où je fais mes études, ça m'avait bien gavé!
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L
Vite, la suite ! Bizzz
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