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une vie de tto
9 octobre 2009

Des désirs qui font tant désordre

Au terme d'une semaine délicate et tumultueuse à beaucoup d'égards [nous y reviendrons si l'intérêt et le temps le permettent], je ne peux résister au plaisir malicieux de revenir sur the polémique du moment ... Non, pas celle d'un match de foot raté entre le PFG et une équipe créteilloise partant trop religieuse pour composer avec des principes [on se demande bien lesquels d'ailleurs] alors que je ne doute pas que les sectaires en question seraient les premiers à se plaindre d’éventuelles mais tout aussi regrettables discriminations dont ils pourraient être victimes. La tartufferie est un genre délectable surtout quand il se dénonce de lui-même.

Non, pas question de revenir davantage sur Hortefeux ou Eric Besson [dont la face cachée, révélée par son ex-épouse, est finalement aussi glorieusement abjecte que le reste] ... Pas d'ire supplémentaire non plus au sujet de Polanski [j'en ai déjà parlé ici et j'ai déjà depuis longtemps décidé de ne plus faire d'éditos voire de prendre cet endroit pour une tribune où, à l'instar d'un Guy Bedos vieillissant et insupportable, je me complairais à faire une revue de presse]. Pas Polanski, euh enfin presque ...

la_mauvaise_vieLe nouveau ministre de la Culture est donc dans la tourmente depuis lundi soir, depuis que la frontiste Marine a lu un extrait du dernier livre de Frédéric Mitterrand [non sans, opportunément, en rajouter un peu ce que nous verrons plus tard] duquel la vindicte populaire conclut hâtivement que ledit ministre est un odieux pédophile adepte d'un tourisme sexuel décadent totalement incompatible avec les fonctions républicaines qui sont les siennes. L’affligeant Benoit Hamon, en peine d'existence médiatique comme d’autres barrons, tire ensuite à boulets rouges sur l'ambulance à coups de jolies déclarations Disneyiennes, certains caciques de l'UMP expriment à demi-mots leur embarras teinté au choix d'ambitions déçues ou de rancœurs tenaces ... bref, tout le monde y va de son laïus en n'ayant évidemment pas pris la précaution de lire le livre en question, ce qui serait un préalable pourtant indispensable. Au surplus, la défense du ministre est maladroite, mais comment pourrait-elle l'être autrement face à une telle déferlante dont la violence vaut bien les amalgames spécieux qu'elle ourdit.

En effet, outre que celle qui a vociféré au feu reste la fille de son glorieux père [dont on connait le caractère soutenu des déclarations nauséabondes et purulentes, y compris à raison de modes de vie dont celui de la sexualité], il conviendrait néanmoins d'en revenir au texte et de procéder, a minima, à la lecture dudit texte lequel sous-tend un contexte.

Ce livre, je l'ai lu et je vais prochainement le relire. J'ai donc un cruel avantage sur ceux qui glausent, qui fantasment sur cet homme mûr qui se paierait les charmes de garçons désargentés, qui réduisent l'homosexualité au parcours décrit dans ce bouquin, bref ... j'ai de l'avance sur les chantres de la morale [dont je me méfie tellement parce qu'ils sont les Savonarole putréfiés du moment].

Frédéric Mitterrand, sur la base de son expérience [d'où le caractère autobiographique de l'histoire], évoque le parcours d'un homme qui se perd dans ses désirs figés sur de jeunes hommes tantôt exotiques, orientaux, méditerranéens, caucasiens. Cette perte conduit l'auteur à parler de tourisme sexuel, de bars à putes où des minets gagnent leur vie alors qu'ils ont déjà une vie de famille, de chambres d'hôtels où la chair est une monnaie permettant d'acheter un futur auprès d'un corps libidineux ... Bah oui, cela existe et le mérite de Frédéric Mitterrand est de poser des mots élégants sur cet aspect sordide des pulsions d'un homme égaré sur des chemins hormonaux douteux et peu reluisants.

Oui, exposer une telle part d'ombre est certes crépusculaire mais je ne me souviens pas qu'il puisse être permis de procéder à l'amalgame qui sert de réquisitoire aujourd'hui. En effet, les garçons en question sont certes jeunes mais ce ne sont pas de jeunes garçons au sens pré pubères, mineurs et donc abusés. Il est question en effet de garçons [on l'est tous de 0 à 99 ans] qui font commerce de leurs charmes, de leurs corps, de leurs queues, de leurs fesses. En cela, l'accusation abominable de Marine Le Pen est odieuse mais l'indignité ne s'arrête pas là puisqu'elle a bien pris soin de modifier le texte initialement écrit par Frédéric Mitterrand en rajoutant un "jeune" là où l'auteur ne parlait que de garçons [va voir chez Rue89 pour lire effectivement ce que l'écrivain a écrit, qui n'est pas forcément ce que la frontiste a déclamé]. Le procédé est ignoble mais peu surprenant lorsqu'il vient de là. Elle a été à bonne école et l'enseignement se révèle être redoutablement efficace.

Quid après de la compatibilité avec des fonctions ministérielles ? De deux choses l'une. Soit ce que Frédéric Mitterrand le rend passible de poursuites judiciaires du fait de la commission d'un délit ou d'un crime et là, effectivement, la poursuite de ses fonctions devient difficile. Soit ce n'est pas le cas et je saisis mal à quel titre ni sur quelle base il faudrait sacrifier le locataire de la rue de Valois parce qu'il aurait eu l'impudence de vouloir soulager sa conscience en exprimant des pratiques répugnantes pour certains mais qui ne sont pas passibles de poursuites. Cela étant et si l'on veut vraiment laver plus blanc que blanc, quid d'un ministre de la République, futur premier-ministrable si l'on en croit la presse, qui ne respecterait pas l'engagement pris devant ladite République le jour de son mariage ? Que les socialistes se rappellent aussi que si l'on veut laver plus blanc que blanc, il est des figures politiques dont les états de service mériteraient une attention particulière ...

Reconnaissons-le, j'ai, dans cette affaire, un parti pris : j'aime beaucoup Frédéric Mitterrand, son éloquence, son érudition et la qualité du personnage. Parce que j'ai eu le plaisir de travailler, très [trop] furtivement, avec lui, je connais sa qualité qui, toutefois, ne me rend pas aveugle pour autant ... la preuve, sa réaction au sujet de Polanski se révèle être inappropriée voire navrante. Cet homme écrit magnifiquement, est un excellent ministre [et dans ce gouvernement, c'est une bénédiction] et, de surcroit témoigne d'une sensibilité artistique indéniable.
Comme disait son oncle le jour de l'enterrement de Pierre Bérégovoy, il est des chiens qui se goinfrent souvent de l'honneur des autres.

Tto, qui abhorre les amalgames

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Commentaires
O
Ce qui me gêne, Tto, c'est vienne aujourd'hui jouer aux pères la pudeur. Je ne parle ni de pédophilie, ni de poursuites.
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J
Tout à fait en accord avec ce que tu as écrit.
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C
Moi aussi , j ai toujours apprécié FM et son érudition, sa connaissance des arts et de la culture...<br /> Moi aussi, j ai lu son livre tout a fait par hasard il y a 3 semaines,<br /> <br /> Hélas, ce retour de baton qu'il prend en pleine gueule en ce moment, il aurait du le prévoir avant d'aller se vriller en politique. Comme le dit Lolotte, il est ministre, qui plus est de Sarko... et qd t es ministre, de Sarko, tout sera bon pour te faire dégommer.<br /> <br /> Mais moi aussi, j ai lu Le Grand Bazar de Cohn Bendit ou il raconte qu'il aime bien se faire chatouiller les coucougnettes par les enfants bien français,mais lui , il ne dérange personne, il est même pas ministre<br /> <br /> Elle est pas belle notre politicosphère ,<br /> biz
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L
Pourquoi maintenant??? Pourquoi pas à la sortie du livre?? Bizarre non? Ah oui........... il est ministre!!!! Monde cruel que celui de la politique!<br /> Bonne journée Tto
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T
> Olivier : Je suis pas certain, en matière d'amalgame, que tout(es) ceux(celles) qui, en Thaïlande, ont des relations sexuelles (homo ou hétéro) soient forcément pédophiles. De toute façon, je considère que s'il y a matière à poursuivre Frédéric Mitterrand, je m'étonne que quatre années après la publication de ce qui n'est ni un récit ni un roman n'ait pas justifié la moindre mise en examen.
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