Je suis heureux de t’avoir parlé … Tu avais ta tête des bons jours pour que l’on puisse se dire ce que nous nous sommes dit. Je t’ai retrouvé des traits certes fatigués mais familiers, donc forcément un peu rassurants. Cette discussion franche et impitoyable, je m’y contrains périodiquement et j’en ressors rarement indemne, pour la bonne cause dirons-nous.

Tu vois, y a qu’à toi que je peux confier ce que j’ai sur le cœur, qu’à toi que je puisse me livrer … qu’à toi que je puisse déballer certaines pensées abyssales, qu’à toi que j’ai confié mes pires secrets, mes plus inavouables pensées.. Tu es le récipiendaire de mes hésitations, de mes envies profondes, de mes desseins.

Souviens-toi, on parlé des trentenaires … ces divas qui ne se sentent plus pisser, qui vivent dans un monde un peu superficiel et illusoire qui, lorsqu’il s’évapore ou se délite, tapent des pieds comme des gamine hystériques parce que ça manque de bisounours. Tu as acquiescé … entre trentenaires, on se comprend.

Tu m’as même fait remarquer que j’étais totalement autocentré, un brin capricieux, assez compliqué, sensiblement indécis, moralement instable, hésitant sur énormément de choses pourtant assez évidentes … Ouais ben, j’suis un trentenaire quoi !

Et puis tu m’as demandé où j’allais avec tout ça ? Tu m’as envoyé dans la gueule le pétrifiant « après quoi tu cours Tto ? », fichue question à laquelle tu sais bien que je n’ai pas de réponse, aujourd’hui encore moins qu’hier [et je ne te parle pas de demain].

Vois-tu, mon grand, je sais ce que je fais. J’ignore où cela m’emmène mais ce dont je suis persuadé, c’est que le voyage est fantastique.
Où j’en suis ? Je l’ignore. Si je fuis ? Absolument … Je crois avoir été implacable, mais au moins j’ai été très franc. A présent tu sais tout …

Dans le fond, je suis certainement le mec sain que tellement de gens ont remarqué, le garçon ambivalent qu’il est si difficile de suivre certaines fois, l’homme gentil et bienveillant. Peut-être … Savoir cela, c’est déjà une base …

Longtemps nous nous sommes opposés, je t’ai même haï. J’abhorrais le regard que tu me décochais. Maintes fois, je t’ai décerné le titre de plus irréductible et inexpugnable ennemi. Aujourd’hui, moins voire plus du tout. J’ai compris que la vie serait moins difficile en pactisant avec toi …

… toi que je vois dans le miroir, qui me fait face. Tu sais que t’es mignon en plus ?

Tto, réfléchi