Ce wikende, c'est Mich' qui régale et qui raconte : La première fois que je danse la gavotte avec Jean Galfione
Il n 'aura échappé à personne que je vis dans le Finistère. La mer, les bigoudènes, les soûlards, gnagnagna, que des clichés que les locaux exploitent à fond pour marquer leur identité nationale... Moi y'a un truc qui me plaît bien ici, c'est ce fest-noz d'été. Souvent, l'hiver, on fait ça en salle. La salle polyvalente classique est adaptée pour recevoir Danièle Evenou, sièges velours, isolation au top, impossible d'attraper la mort, important, avec tous ces vieux, et pour danser, c'est à chier. On se tasse les vertèbres, on est moite, mais la musique est bonne. L'été, c'est le contraire : l'extérieur est parfait, mais l'ambiance est moins bonne. Sauf. Sauf là, à quelques kilomètres de la mer. Moi j'aime bien cette grange et ce talus où tu vas vidanger ta bière brassée sur place en regardant le blé fraîchement moissonné. C'est le soir du ragoût de birinik, réputé des connaisseurs. Tu connais les biriniks ? C'est les berniques. Ya juste qu'en bigouden qu'on dit birinik, moi je dis aussi chapeau chinois ou patelle. Le birinik, c'est ce machin qui fait mal aux pieds, impossible à décoller du rocher et à bouffer tellement c'est coriace. Sauf là, ya une méthode pour le rendre tendre, mais je ne piperai mot. C'est cuisiné avec du lard et ses tripes, ce qui le rend indigeste dépassée l'assiette. Mais c'est bon car c'est chaleureux. Loulou n'aime pas, c'est trop salé, c'est trop coriace. Gnagnagna. Alors c'est l'occaz de danser la gavotte avec les copains en plein été, et c'est rare des bonnes gavottes sur la côte en été. Déjà sur la côte en hiver, alors... La gavotte c'est la danse du Finistère, petits pas en chaîne ou en ronde, moi je préfère la ronde. Je ne résiste pas à te mettre Valentine. Mais avant, je ne vous ai pas dit que Johnny Hazzard était là ? Non, ben c'est fait. Sauf là, c'est pas vraiment le vrai, évidemment, le vrai n'aime pas les biriniks, il me l'a dit, mais il lui ressemble, je ne dirais pas trait pour trait, tout ne m'a pas été accessible... mais dans l'esprit, ça fait toujours plaisir. Valentine, c'est une vieille dame totalement impertinente, décalée, qui a toute sa tête mais pas toute sa force physique, mais sa voix... Ahhhhh, un réel plaisir que de l'avoir en live, car elle te fout le rythme en toi, elle te rend tribale cette danse populaire, et la contrainte de la codification de la danse rend la transe accessible, atteignable. Mais elle va bientôt mourir. Alors s'éteindra un monument.
Sauf là, vu qu'on bouffe, on boit on danse, et on va dormir et niquer à la plage, et on se réveille avec l'océan dans les yeux et les oreilles. C'est une chouette soirée. Jean Galfione lui, il vient, il prétine la gavotte, il ne sait pas la danser, ça gâche tout. Et en plus il a les seins qui tombent.