Je n'aime pas les fins d'années peut-être parce que je n'aime pas les bilans et avoir à faire des bilans. Ces ambiances forcées de joie et ces déferlantes artificieuses d'attentions me font frémir jusqu'à l'épouvante : tout cela est tellement forcé que j'abhorre ce rouleau compresseur sépulcral.

Lundi soir, en me baladant ... je regardais les gens dans leurs intérieurs, les scrutant à s'affairer dans leurs maisons ornées de multitudes de guirlandes étincelantes ... celles qui annoncent la fin de l'année et les fêtes accompagnant cet irrémédiable extrémité ... Et là, je me suis souvenu de ce que Chrisse avait écrit sur son blog : "En repartant chez moi, je me laisse enchanter par les lumières qui illuminent Paris en cette veille de fêtes de fin d’année : qui sait quels ténèbres elles cachent en réalité." Ben voila ... tout est dit : les lumières de Noël sont tristes, mélancoliques et décidément factices.

Tristes parce qu'elles ne parviendront jamais à éclairer le crépuscule qui les accompagne, selon moi. La faiblesse de leur intensité est d'ailleurs un signe qui ne trompe pas : c'est avec l'énergie du désespoir qu'elles attirent sur elles les regards pour éviter que l'on n'attache trop d'importance à ce qu'elles masquent maladroitement ... Ce sont finalement de petits arbres chétifs et faiblards qui cachent la forêt touffue des désillusions et du désenchantement de l'année qui se termine.

Mélancoliques en ce qu'elles sont et seront incapables d'apaiser ce qui ne pourra l'être. Leur impuissance est touchante mais trucide finalement plus qu'elle ne répare. S'il faut être fataliste de temps en temps, voila une bonne occasion de se résoudre. Les étoiles artificielles de la fin de l'année ne changeront jamais rien ... et leur accumulation ne renforce que le vertige paradoxal qu'elles génèrent.

Enfin factices, et c'est peut-être cela qui m'ennuie le plus. Ces lumières sont un vernis pathétique qui ne convainc plus personne et pas moi plus que d'autres. Elles voudraient vraiment donner l'illusion d'une féerie qui n'est malheureusement que décatie, fanée et qui n'émerveille plus que les innocents. Le décalage est immense et je ne m'y retrouve plus. Participer à une telle imposture n'a plus, à mes yeux, qu'un seul intérêt : celui de plaire aux enfants que la vie n'a pas encore cabossé. Pour les autres, un assortiment de souffrances épouvantables sont à redouter.

Il me tarde que cette période passe et avec elle que s'achève le cortège funeste d'hypocrisies et de malaises. En plus, comme je n'aime pas recevoir de cadeaux, je ne te cache pas qu'il me tarde que cela soit fini et que naisse une nouvelle année pleine de tout plein de choses qui me feront oublier le côté acre et amer de celle qui s'efface. Les bougies et guirlandes clignotantes n'y changeront rien ... je sais déjà qu'elles n'adouciront pas les douleurs que j'ai remisées derrière le rideau rouge bien opaque de ma vie ... Tout juste, elles permettent aux naïfs d'éviter d'affronter un tel environnement finalement bien lugubre ... Malheureusement [ou pas], je ne suis pas naïf.

Tto, qui te souhaite néanmoins de "Joyeuses fêtes"