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une vie de tto
3 décembre 2006

La première fois que ... j'ai claqué la porte d'un entretien d'embauche

1ERE_FOISDe longues semaines déjà que je cherche du boulot ... je commence même à désespérer, me dire que ça y est je suis condamné à devenir équipier McDo, pire me lancer dans cette thèse dont on me promet le meilleur ... Pensez donc, "L'évolution du marché dans la cité" en voila un sujet qui m'amènera clairement au suicide ...

Je rentre de congés (ça me fait toujours rire quand on n'a pas de boulot de dire qu'on rentre de congés !!!) de Noël, passablement ravagé par le côté obligatoire de la réjouissance saisonnière, et je plonge dans mon stock de Libé lesquels s'étaient accumulés depuis une semaine ... Je découvre avec stupeur une annonce passée il y maintenant une semaine qui correspondrait bien à ce que je veux faire, pas trop loin de chez moi avec le redoutable avantage de s'ouvrir à une première expérience ! Woohhoooo, je fonce Alphonse !

Quelques jours plus tard, un appel, une prise de rendez-vous, un premier contact et je débarque dans la salle où m'attendent deux hommes qui fourbissent leurs armes pour me décortiquer là tout de suite, devant eux ! C'est le jeu, la règle et l'immuable scénario auquel je m'attends avec résignation.

On me parle de projections comptables (warf warf, quand on me connaît ... trop bien visé) et enfin on en vient à raccrocher sur mon profil et on m'explique que je semble correspondre exactement à ce qu'ils recherchent. Moi grande boite de production audiovisuelle rechercher toi jeune homme plein d'ambitions pour faire sale boulot mais moi essayer de te payer convenablement, toi pas t'inquiéter. Ce que l'on me demande ne me semble pas fondamentalement insurmontable tant et si bien que je me plais à m'inscrire dans ce nouveau futur qui se dessine ... Je réponds merveilleusement bien, les sourires se font plus francs chez mes adversaires interlocuteurs à tel point qu'en fin de réunion, après une heure trente de cuisinage ttoesque, le boss me raccompagne et me laisse deviner que nous allons très vite nous revoir pour passer entre les mains de la DRH mais que tout est pratiquement acquis.

Effectivement, pas moins de dix jours plus tard, nouvelle convocation. Je me souviens clairement de ce que m'a dit le boss avant que je n'entre dans le bureau de la DRH "Vous me refaites le même entretien qu'il y a dix jours et c'est dans la poche !". Ouh la la, mais faut pas me dire des trucs pareils mon ptit môssieur. Tu veux me dire que ta décision est prise tout comme ça et tout et tout ...

[Il faut juste que je vous dise que j'abhorre les DRH ainsi que, plus généralement, tous les services dits de Ressources Humaines. Les gens y sont faux, mesquins et peu fiables. En plus, j'en ai trop connu de pervers et frustrés pour pouvoir les supporter même quelques instants ...]

Je rentre donc dans le bureau de la DRH, toute blonde décolorée, pas très grande, déjà fripée (les séances d'ultra-violets certainement), un bustier faussement avantageux, des rondeurs disgracieuses qu'elle ne cherchait même plus à masquer tant à l'impossible nul n'est tenu ... Le bureau est sombre, bordélique, pue la clope et le tabac froid. Je m'installe face à elle, le boss à ma droite et l'entretien commence.

Elle descend mon CV, ma lettre de motivation (au sujet de laquelle elle ne trouve rien à redire ... il est vrai que je suis assez bon là dessus), et d'un coup se polarise sur mes centres d'intérêts (la tarte à la crème classique du CV).
- Alors donc, vous aimeriez travailler pour nous ?
- Absolument Madame.
- Mais pourquoi ?
- Parce que ce que vous recherchez semble correspondre à ce que je veux faire à présent.
- Oui, non mais d'accord mais bon ... quel est le rapport avec le fait que vous fassiez de la piscine ???
- Effectivement, il n'y en a pas, mais je ne crois pas avoir écrit dans mon CV que j'étais maître-nageur, ni que ce soit pour cela que Monsieur Ferrard ait retenu ma candidature.
- Mouais ... [elle allume une cigarette] Ah oui, désolé, mais je fume donc ... [elle cherche autre chose dans mon CV] Dites moi Luc, vous pouvez fermer la fenêtre, j'ai un peu froid.
Luc Ferrard s'exécute, se lève et ferme la fenêtre qui l'était déjà presque totalement ... mais elle devait être frileuse. Quelques instants passent, elle reprend.
- Qu'est ce que vous savez de notre société ? Parce que bon, vous avez bossé à France Télévisions d'accord, mais nous quand même, c'est pas la même chose !
- Et bien, je connais votre activité pas exhaustivement bien sur, mais j'ai eu l'occasion de me renseigner ...
- Ah oui, vous nous connaissez bien donc [elle expulse à ce moment là une énorme bouffée de fumée de cigarette en ma direction à tel point que j'ai la désagréable impression d'avoir fait l'objet d'une téléportation à Londres, un vendredi de novembre à 18h ...je n'y vois plus rien !]
- Bien serait présomptueux, je me suis documenté.
- Pouvez-vous me donner la décomposition de notre capital ?
- Non, évidemment. Je connais votre actionnaire majoritaire mais ...
- Oui donc, vous ne nous connaissez pas. [deuxième bouffée de fumée]. Votre parcours est pas très cohérent ...
- C'est à dire ?
- Ben, j'sais pas ... Vous vendez des chaussures mais vous êtes aussi prof en fac ... [troisième bouffée ... je commence à tousser]
- Vous savez, vendre des chaussures c'était pour avoir un peu d'argent en faisant mes études. Prof en fac, c'est parce que l'on me l'a proposé et que j'ai trouvé l'expérience intéressante et enrichissante humainement.
- Ouais, c'est n'importe quoi ... [quatrième bouffée .. courage elle arrive bientôt à la fin de sa clope]
- Je ne partage pas votre avis. Si vous regardez mon cursus, vous verrez qu'il est très cohérent au contraire ...
- Non, mais mon ptit monsieur, ici c'est la vraie vie, vous comprenez. [cinquième et ultime bouffée] On est pas là pour vendre des grolles ou se pavaner devant des étudiants qui ne foutent rien de l'année ... On est là pour bosser, alors ...
- Excusez-moi, mais je ne crois pas avoir dit que je n'entendais pas travailler ... tout au contraire : il me semble que si je suis ici aujourd'hui c'est précisément pour cela !
- Eh ben [elle rallume une nouvelle cigarette], m'avez pas l'air très docile vous ... C'est pas avec cette arrogance que vous trouverez du boulot. Si je peux vous donner un bon conseil, rabattez un peu votre caquet ...
- Et vous votre cigarette !
- Co ... Comment ?
- Madame, je vous respecte mais le fait que je sois en recherche d'un emploi ne vous autorise pas à m'asperger de fumée de cigarette comme vous le faites depuis de trop longues minutes. Visiblement, ma candidature ne vous convient pas pour des motifs qui m'échappent alors que vos collègues qui m'ont reçu il y a quelques jours semblaient, eux, totalement satisfaits. Que vous trouviez argument dans mes centres d'intérêts ou dans une activité professionnelle accessoire à mes études est assez saisissant.
- Je ne vous permets pas ...
- Excusez moi, mais je n'avais pas fini. Puisque vous manquez d'éducation en ne prenant même pas la peine de me demander si la fumée de cigarette m'importunait, en m'embuant de fumée, en m'expliquant vertement que j'aurai dépassé des limites que vous avez vous même explosé, je vais faire preuve du même sans-gêne que vous en vous coupant la parole. Maintenant, je vous pose une question Madame : cet entretien a-t-il encore un intérêt ?
- Je ne crois pas mais je vous remercie de vous être déplacé.

Je me suis levé, l'ai salué froidement, me suis retourné vers ce cher Luc Ferrard qui était plus accablé qu'autre chose. Pas un mot dans l'ascenseur. Salutations cordiales mais sibériennes. Et voila, une connasse de plus dans un service RH, décidément ...

Voila lecteur(trice), c'est comme ça que ça s'est passé !

Tto, Kung-fu fighting de RH

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